N°2 – Philippe – En chemin vers l’Agissement Merveilleux

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Lorsqu’il parlait de la Réalité qui lui fût dévoilée à l’issue d’un long processus de transformation spirituelle, le fondateur de l’Aïkido utilisait des expressions relevant de concepts étranges, comme la station spirituelle Takemusu, ou l’état de conscience Nen par exemple. Il évoquait aussi la possibilité d’un Agissement Merveilleux (妙用 myôyô), de l’identité de l’Aïkido avec une danse sacrée (神憑 kamigakari ou encore 振舞 furumaï).

Il soulignait encore l’importance d’accéder au degré de l’Existence Universelle que la tradition shintô appelle le Pont Flottant du Ciel (天浮橋, Ame no uki-hashi) pour pratiquer véritablement l’aïkido, ou encore parlait-il des cordons du lien de l’âme O’Musubi qui sont des composantes subtiles de l’être ayant un rôle primordial dans le processus d’Union à la Cohésion Universelle.

De telles expressions nous laissent la plupart du temps circonspects. À quoi font-elles allusion ? y a-t-il une réalité derrière tout cela ? On pourrait se contenter de penser que tout se rattache au système de croyances japonais et qu’il n’y a là rien d’autre que des représentations irréelles. Pourtant nous ne pouvons pas nous retrancher derrière cette simple hypothèse et occulter le fait que les propos du Fondateur ne sont pas de pures suppositions théoriques, mais sont d’une part sous-tendus par une réelle expérience existentielle et par ailleurs en parfaite cohérence avec les doctrines de l’Unité communes à de nombreux peuples traditionnels dont la doctrine secrète nous est parvenue.

Celui dont le cœur a atteint cet apogée de l’immuabilité, émet la lumière naturelle (raison pure, sans rien de conventionnel) qui lui révèle ce qui peut encore rester en lui d’artificiel. Plus il se défait de cet artificiel, plus il devient stable. Avec le temps, l’artificiel disparaîtra entièrement, le naturel seul restant en lui. Les hommes qui ont atteint cet état, s’appellent fils célestes[1], peuple céleste ; c’est-à-dire hommes revenus à leur état naturel, redevenus tels que le ciel les avait faits primitivement. Cela ne s’apprend, ni par théorie, ni par pratique, mais par intuition ou exclusion.” Tchoang-Tzeu 23-D

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On pourrait objecter que toutes les expériences vécues par le Fondateur et formulées en termes étranges, relèvent de phénomènes d’origine physique que nous ne comprenons pas encore aujourd’hui, mais qui trouveront une explication rationnelle dans un futur plus ou moins proche. Mais on peut aussi arguer que cette terminologie symbolique subtile reflète des possibilités non-ordinaires néanmoins tout à fait réelles et rationnelles (non-ordinaires comme le génie d’un musicien virtuose l’est tout autant sur un autre plan) qui ont permis au Fondateur d’accomplir des kami-waza (techniques divines) lors de ses démonstrations, de réaliser des exploits hors du commun et de manifester une conscience dépassant les possibilités de la conscience individuelle. On peut donc arguer que cette terminologie est associée à une science des états de l’être complexe, mais cependant rigoureuse et universelle puisqu’elle se retrouve chez les peuples traditionnels disposant d’une doctrine de l’Unité. Bien évidemment nous penchons pour cette dernière hypothèse et lorsqu’on chemine plus avant en franchissant les étapes jalonnant le parcours d’une Voie et que les premiers états de transformation spirituelle se font ressentir, ce qui était supposition et semblait relever de la croyance, devient soudainement la Réalité même.

En un instant, le monde disparaît,

Ne reste en la demeure que la Réalité,

C’est alors que tu parviens à la proximité.

Tu te dépouilles de ton « moi » et t’unis au Bien-Aimé.

“La Roseraie du Mystère”, Shaykh Sa’ud-Dtn Mahmûd Shabestarî

Quand tu montes vers ces demeures (manâzil) et que tu contemples ces stations (maqâmât), les mystères (ghuyûb) te deviennent visibles.”, “Épîtres sur les facettes du coeur”, Muhy Ed-dîn Ibn-Arabî, Traduction et notes de Michel Vâllsan, Études Traditionnelles, 1970, n°418

Yen-tch’eng-tzeu You dit à Tong-kouo-tzeu K’i :

— Depuis que je suis votre disciple, j’ai passé par les états que voici : Au bout d’un an, j’eus retrouvé ma simplicité native. Au bout de trois ans, je perdis le sens du moi et du toi. Au bout de quatre ans, je fus indifférent et insensible. Au bout de cinq ans, je commençai à vivre d’une vie supérieure. Au bout de six ans, mon esprit entièrement concentré dans mon corps, ne divagua plus. Au bout de sept ans, j’entrai en communication avec la nature universelle. Au bout de huit ans, je cessai de me préoccuper de la vie et de la mort. Enfin, après neuf années, le mystère s’accomplit ; je me trouvai uni au Principe. C’est l’activité durant la vie, qui cause la mort. C’est le principe yang (la nature), qui cause la vie. Donc la vie et la mort sont choses vulgaires. Y a-t-il lieu de s’en tant préoccuper ?”, Tchoang-Tzeu, 27-D

Penchons-nous maintenant plus particulièrement sur le concept de 妙用 myôyô, l’Agissement Merveilleux, sur lequel le Fondateur donne des explications renvoyant à certains concepts subtils de la doctrine traditionnelle shintoïste du Verbe :

« L’aïki, c’est l’agissement merveilleux du kototama. L’agissement merveilleux du kototama, c’est une partie du corps et une partie de l’action de un-esprit-quatre-âmes-trois-origines-huit-forces. C’est la voie de l’aiki de takemusu. Dans nos textes shinto, takemusu, c’est l’incommensurable bu du Japon. C’est le principe de production en vertu des pouvoirs divins de l’activité souveraine des changements divins des dix mille changements et des dix mille transformations. »

Quelques remarques préalables. : Dans la tradition extrême-orientale l’idéogramme dix-mille (représentant un scorpion) permet de désigner l’indéfinité des éléments d’un ensemble. Il faut donc lire l’extrait comme ceci :

en vertu des pouvoirs divins de l’activité souveraine des changements divins de l’indéfinité des changements et de l’indéfinité des transformations”.

Ce que nous avons appelé la doctrine traditionnelle shintoïsme du Verbe, correspond au Kototama 言霊.

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Le premier idéogramme désigne la parole, mais les gloses précisent qu’il s’agit “du son du cœur” pour signifier qu’il faut prendre en compte avec la parole tous les processus existentiels (métaphysiques, intellectuels, énergétiques et physiologiques) mis en œuvre par l’être pour réaliser l’expectoration de la pensée[2]. Le deuxième idéogramme à rapport à l’action rituelle (offrande de jade ou danse) qui permet de faire descendre la pluie[3]. Cela est donc en lien avec la mise en œuvre d’une force d’origine transcendante produisant des effets dans notre monde.

Le Kototama correspond donc à la science des “paroles sacrées” et l’on comprend que cette science offre à l’homme la possibilité de produire des sons dont la nature est d’origine transcendante et dont les vertus intrinsèques permettent de réaliser des fonctions d’ordre universel dans notre monde. En vertu du fait que le Verbe, le Signe et la Manière d’être[4] sont des aspects complémentaires de la Réalité Ultime, on peut voir sans trop de difficulté la science du Kototama comme ce qui permet d’accéder à la maîtrise (Manière d’être) des “sons semences” (Verbe) pour faire passer de la puissance à l’acte, les potentialités des Fonctions Principielles (Signe) qu’ils incarnent. En outre il faut préciser que ces “sons semences” sont en relation d’analogie avec les lois qui régissent les forces réalisant perpétuellement tant le passage du Un au Multiple (la mystérieuse existenciation des dix-mille (l’indéfinité) êtres), que le retour du Multiple vers l’Un par la transformation spirituelle comme cela est synthétisé dans la formule Taoïste :

« Partant de l’état non-sensible et non-différencié, commençant par un, la progression passant par sept, alla jusqu’à neuf ; la régression ramènerait tout à l’unité. (Lie-Tzeu 1-C) »

et comme cela est décrit dans cet autre commentaire :

C’est ainsi que les êtres descendent du Principe. Ils y remontent, par la culture taoïste mentale et morale, qui ramène la nature individuelle à la conformité avec la vertu agissante universelle[5], et l’être particulier à l’union avec le Principe primordial, le grand Vide, le grand Tout. Ce retour, cette union, se font, non par action, mais par cessation. Tel un oiseau, qui, fermant son bec, cesse son chant, se tait. Fusion silencieuse avec le ciel et la terre, dans une apathie qui paraît stupide à ceux qui n’y entendent rien, mais qui est en réalité vertu mystique, communion à l’évolution cosmique.” Tchoang-Tzeu 12-H

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Il est bien évident que tout ceci a rapport aux états existentiels des plus hauts degrés de réalisation spirituelle. Aussi, avant d’en arriver là de nombreuses étapes doivent-elles être franchies, portant chacune ses propres problématiques. Si l’on considère les voies intégrales, telles que l’Aïkido, qui dispensent un enseignement traditionnel à l’homme pris dans son état brut, pour le conduire à l’état d’Union à la Cohésion Universelle[6], on peut en simplifiant à l’extrême, distinguer trois phases dans la progression :

  • préparation à l’entrée dans la voie,
  • quête du Centre de son être[7],
  • ascension spirituelle jusqu’à la fusion de sa conscience en la Conscience Universelle[8].

Bien sûr nous exposons-là la situation idéale de l’être parvenant à réaliser cette fusion de son vivant. Toutefois, s’il arrive que l’obtention de grades (ou plus généralement le franchissement d’étapes[9]) n’entraîne aucune modification de la conscience ordinaire, cela ne signifie nullement que rein n’a changé dans les profondeurs de l’être. À ce propos les traditions laissent entendre que tout le travail réalisé du vivant de l’être dans une voie traditionnelle normalement constituée et encore opérationnelle, sera actualisé au moment de la fin de son hypostase.

Chacune des phases conduit à un processus d’intégration qui est une sorte de “passage à la limite” soudain, que l’on peut associer à l’image symbolique de la fusion mystérieuse (magique) en une seule terre des deux domaines délimités par un fleuve, ou du franchissement d’une porte. Chacune des phases conduit donc à :

  • l’intégration de l’aspect formel des techniques (déplacements, gestuelles effectuées sans réflexion)
  • l’intégration de l’aspect énergétique de la voie, (neutralité affective, renoncement à son importance propre, expérience de l’onction ou de l’extinction de la mèche de son âme et de son rallumage à la Flamme de l’Âme Universelle[10]),
  • l’intégration Existentielle Ultime[11] réalisant l’annihilation en Ce qui est Seul à Véritablement exister.

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1ère intégration : 

Si nous retenons la voie de l’Aïki, à la suite de la première phase d’intégration, qui se situe théoriquement au 1er Dan, le pratiquant doit accéder à la connaissance formelle (approximative) de la diversité principielle des techniques dans lesquelles tous les aspects existentiels sont synthétisés[12]. C’est en raison de cette extraordinaire universalité synthétique que l’Aïkido est une voie par excellence pour la réalisation spirituelle (l’accession à l’état d’Union au Tao). Elle permet la purification et la transformation spirituelle, parce que le pratiquant peut accéder à un état sans mélange et sans déficit (les attributs de la purification et de l’intégrité[13]) par la quête du geste parfait et peut cheminer vers l’établissement de l’état d’Unité Parfaite avec la Totalité Universelle (finalité de la spiritualité) en nouant rigoureusement tous les cordons du lien de son âme avec les cordons du lien de l’Âme Universelle :

Mais, en ce qui concerne le cordon du lien, il faut, par la vertu de la foi, purifier le cordon de l’âme de l’univers, et nouer le cordon du lien avec le cordon de l’âme de l’univers.”, “Takemusu Aïki”, Vol II, page 75, Editions du Cénacle.

La quête du geste parfait, par le perfectionnement des techniques en relation analogique avec l’ensemble des modalités de l’Existence Universelle, pousse le pratiquant à fortifier l’ensemble de ses propres modalités constitutives, ce qui le conduit à réaliser un état sans déficit (purification).

« Les techniques doivent être en accord avec les principes universaux. […] Les techniques qui s’accordent aux principes universaux vous assurent les bienfaits de l’amour. Elles constituent le bu du takemusu. La résonance est le premier pas vers une connexion au takemusu bu.[14] »

Dans le même ordre d’idée, en comprenant le sens profond de chaque technique, en percevant petit à petit les lois de l’Harmonie Universelle régissant les fluctuations rythmées des modalités complémentaires (le dur et le souple, le froid et le chaud, l’humide et le sec, la gauche et la droite, la féminité et la masculinité, le yin et le yang, etc..) traversant et influant la multitude des êtres, on sait alors mettre chaque chose à sa juste place[15], on sait donner à chaque chose sa juste fonction et de la sorte se prémunir contre le mélange (intégrité).

Voyons très succinctement, comment les techniques d’Aïkido peuvent être mises en relation avec les forces et les transformations induites par l’émergence de la multiplicité au sein de l’Unité Immuable. Ces forces et ces transformations sont la résultante du processus assurant le maintient de l’immutabilité de l’Existentence Universelle par la diversification et la perpétuation des êtres suivant les lois d’action/réaction régissant toutes leurs tempérances (la différentiation fonctionnelle) et tous leurs états (la différentiation participative engendrant tous les états possibles entre ceux unis à la nescience et ceux unis à la Conscience Universelle)[16].

  • L’Unité de l’Existence est symbolisée par la perpétuation de l’intégrité des êtres même lorsqu’ils sont l’expression de modalités contraires comme le sont un attaquant et un attaqué. Cette intégrité est assurée par l’Agissement Merveilleux permis par les techniques en l’état de Nen (état de clairvoyance) de celui qui assure le maintien de l’harmonie. Ceci conduit à transformer l’agression et l’intention destructrice en un mouvement harmonieux et amène l’agresseur au constat de l’inanité de son acte. Cette action établissant la Paix en préservant l’intégrité, est l’image de l’action vertueuse du Principe (Tao).
  • Les aspects Yin et Yang se retrouvent dans la nature Omote ou Ura des techniques.
  • Les rapports hiérarchiques de la triade Ciel-Homme-Sol sont symbolisés par les trois niveaux d’attaque/défense (suwari waza, hanmi handachi waza, tachi waza) et dans des techniques telles que Ten Chi nage.
  • L’effort de différentiation existentielle à partir duquel la multitude procède par la vertu de l’immutabilité de l’Unité, effort dont l’effet est symbolisé par le swastika, est mis en œuvre à travers la technique Shi-Ho nage, 四方 pour laquelle on notera que l’idéogramme Ho se dessine (en écriture ancienne) sous la forme du swastika (ci-dessous) :

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  • Les cinq techniques de base Ikkyo, Nikyo, Sankyo, Yonkyo, Gokyo, incarnent tant l’alternance des cinq saisons chinoises (en extrême-orient il y a quatre saisons temporelles et une cinquième saison centrale intemporelle) que les lois relationnelles entre les cinq éléments (Terre, bois, feu, métal, eau) exprimant les rapports énergétiques qui se jouent entres les différents organes au cours des cycles saisonniers et journaliers.
  • L’apparent et le caché se retrouvent dans les techniques Mae (l’attaquant est de face) et Ushiro (l’attaquant est derrière hors de la vue).
  • L’acte de rapprochement (du Principe) est incarné par le principe Irimi 入身 qui signifie “entrer au coeur”.
  • La quête du Centre du Monde est incarnée par plusieurs éléments. Par le Dojo, qui est l’image à la fois du microcosme et du Macrocosme, au sein duquel le professeur incarne précisément le Centre du Monde, en gardant à l’esprit qu’il n’est qu’un substitut du Principe Régent Suprême et un “lieu-tenant” de la Vertu du Principe Suprême dont l’effet se manifeste par l’intermédiaire de l’Entre-deux du Ciel et de la Terre. Cet entre-deux, dans le Dojo, est incarné par le Kamiza. Au niveau de la pratique, on parlera de “trouver ses hanches”, ou “d’avoir trouvé son Centre[17]”. Cette opération est rendue possible par la combinaison d’efforts de différentes natures. L’un d’eux a rapport à un aspect assez immédiat et corporel pourrions-nous dire, c’est celui consécutif à la pratique avec une personne ayant elle-même la “connaissance de son centre[18]”. Un autre est beaucoup plus profond, puisqu’il est en quelque sorte existentiel. C’est celui consécutif à l’effort qui est réalisé lors du déplacement vers un lieu qui incarne le Centre du Monde et où se tient un Shihan dont ce titre aura été décerné par le DoShu. Ces deux efforts, conduisent à des épuisements de nature différente, puisque l’un est physique et l’autre existentiel. Ce dernier est en lien avec l’épisode de la quête du Graal, où Perceval erre pendant 5 années totalement vide de toute volonté “Perceval n’a plus aucun souvenir, il en a même oublié Dieu. Au terme de ces cinq années, il chemine à travers un désert. … Il est tellement triste qu’il n’a aucune idée du jour ni de l’heure.”
  • La possibilité d’intégration est représentée par le déplacement Kaiten 回転 “ouvrir et se retourner”, qui consiste à se déplacer en entrant au cœur de l’attaque puis à se mettre à l’unisson de celle-ci en se retournant pour se fondre dans le sens de l’action de manière à pouvoir la guider, la contrôler par une projection ou une immobilisation. Mais prolongeons les considérations sur l’immobilisation parce qu’elle participe pleinement du processus d’intégration. En effet l’être atteint l’unité lorsqu’il fait siennes toutes les forces de l’univers, forces anabolisantes et forces catabolisantes. Les premières seront utilisées pour réaliser la complétude existentielle, les secondes seront utilisées pour briser ce qui maintenait l’être dans la distinction et l’éloignement de l’Unité, pour être ensuite immobilisées lorsque cette tâche aura été accomplie.

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2ème intégration : 

La deuxième intégration, que l’on peut situer théoriquement au 5ème DAN, est consécutive à un double accomplissement. Le premier correspondant à la fortification nécessaire du cheminant pour réaliser la deuxième étape à savoir le renoncement à son importance propre. Ce renoncement conduit à l’extinction de l’effort issu d’un moteur métaphysique (que la tradition Extrême-orientale nome p’ai) qui maintient l’être dans le désir de rester attaché à son mode d’être individuel. Lorsqu’il éteint cet attachement et s’il se trouve à proximité des composantes psychiques de l’Âme Universelle alors l’être peut se voir “embraser” par l’énergie de l’Âme Universelle et effectuer ainsi son entrée dans le monde spirituel :

Chaque jour je m’entraîne à me détacher des choses, et ce faisant, j’ai vu mon propre corps de lumière.” Morihei Ueshiba, Takemusu Aïki, Vol I, page 150

Notons que la Flamme Illuminative permettant l’embrasement et l’éveil de l’être, est détenue par le DoShu (pour certaines voies Elle est enchâssée dans un autel qui doit être maintenu continument dans un état de pureté par des rites appropriés), Flamme qui peut brûler dans les plans supérieurs de son être (voir le plan incurvé sur l’idéogramme ci-dessous) en raison de l’héritage des composantes psychiques de ses ascendants par l’intermédiaire du processus de métempsychose[19]. Le Doshu détient donc les composantes psychiques de O’Sensei liées à l’Âme Universelle.

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La fortification procède d’un entraînement rigoureux et respectueux de son propre être :

C’est au travers d’un entraînement sincère et sérieux, s’attachant aux principes de l’aïkido, que le pratiquant pourra accéder à l’unité du ki, du corps et de l’esprit, générant alors un flux d’énergie puissant.”, Kishomaru Ueshiba, “L’Art de l’Aïkido”, Budo Editions, page 83

Ainsi, la deuxième intégration est consécutive à l’opération que le Taoïsme désigne comme la réduction de son moi distinct et de son mouvement particulier à presque rien, que l’ésotérisme islamique identifie à l’abandon de la volonté propre[20]. En occident on parle de la perte de l’ego. Il est très important de bien comprendre de quoi il retourne, parce qu’on est très vite conduit à penser que cette réduction ou cet abandon conduit à un moins alors qu’au contraire l’essence de l’être transmue d’une conscience limitée à sa propre hypostase vers une conscience et une participation existentielle embrassant la Totalité Universelle.

C’est parce qu’il y a l’univers en moi. C’est parce qu’il y a tout. Parce que l’univers est moi-même. Parce que je suis l’univers, moi-même, je ne suis pas. Ou encore, parce que moi-même suis l’univers, seul moi-même existe.”, Morihei Ueshiba, Takemusu Aïki Vol I, page 150.

Tout à coup, je m’aperçus que tous les êtres de l’univers, du plus bas au plus haut degré, matériels et spirituels, étaient devenus comme le vin; moi, je les bus en une gorgée[21], m’anéantis complètement et devins néant. Ensuite, je pris conscience que la Réalité unique existant en toutes choses, c’était moi, que tout ce qui existait, c’était moi, et qu’il n’y avait rien d’autre que moi-même. L’univers entier subsistait en moi, et tout était manifesté par ma manifestation.”, Cheikh Mohammad ibn Yahiâ ibn al-Jillanî al-Lahîjî, “La roseraie du Mystère”, page 190

Lorsque de nouveau après quelques jours je me tenais là, il n’y avait plus ni sabre ni moi-même, ni nuages de lumière. J’avais l’impression de subsister dans l’ensemble de l’univers. À ce moment-là, il n’y avait pas non plus de ki de lumière blanche. L’univers, jusque dans ses extrémités, était régi par ma propre respiration. Et l’univers était entré dans mon ventre.”, Morihei Ueshiba, Takemusu Aïki Vol III, page 91

Si l’on se réfère à l’opération taoïste de réduction de son moi distinct et de son mouvement particulier, il faut entendre que ce sont les modalités de l’être qui le maintiennent dans son mode d’existence soumis à un devenir transitoire qui sont visées par la réduction. De même ne plus avoir de volonté propre signifie ne plus s’attacher à une volonté purement égoïste, de manière à s’accorder parfaitement à la Volonté qui perpétue l’Harmonie Universelle, la Paix. Comment pourrions-nous ne pas souhaiter oeuvrer pour l’établissement de la Paix et en cela, ne pas vouloir embrasser la Volonté de qui naît cette Harmonie ?

3ème intégration : 

De la troisième intégration résulte le dévoilement complet de sa mission désignée.

L’être humain doit faire les pratiques ascétiques par lui-même afin de se conformer à sa propre mission. Ceci signifie que par la connaissance de nos divinités tutélaires principales, de nos corps et de nos coeurs, nous connaissons la tâche qui nous incombe quotidiennement.”, Morihei Ueshiba, Takemusu Aïki Vol II, page 44

L’être a alors complètement abandonné toute perspective individuelle et n’accomplit plus rien d’autre que ce qui est requis par sa nature transcendante. Toutes ses activités sont en rapport avec une activité qui est source d’harmonie et de pacification.

En d’autres termes, il s’agit d’accomplir la mission céleste qui nous a été attribuée. Le fait d’accomplir sa mission, si c’est pour le pays, c’est bien. Il n’y a rien d’autre que de mener à bien son propre devoir. Cependant, le fait de dire que c’est pour son pays ou pour le monde, ça le corrompt. Ce qu’il faut, c’est accomplir son devoir. Lorsque le devoir est devenu un dieu, c’est le bonheur. Ce n’est pas envahir un pays ou tuer quelqu’un, c’est faire obtenir à chacun sa place et les faire vivre.”, Morihei Ueshiba, Takemusu Aïki Vol III, page 86

Toutes les pensées se rapportant à la mission céleste, les attachements vils disparaissent et sont oubliés. Ceci je le comprends clairement à travers ma propre expérience. À présent, quelle que soit la mauvaise manière avec laquelle une personne me traite, je la reçois avec remerciement sans aucune rancœur. Si quelqu’un me fait du mal, je lui en suis reconnaissant, considérant que cela fait partie de l’entraînement et qu’il ne faut pas aller contre la destinée du Ciel et de la nature.”, Morihei Ueshiba, Takemusu Aïki Vol II, page 79

Du point de vue du bu, le grand dieu Horaido est la voie du travail de l’univers, la voie du travail du bu. C’est grâce à ce travail que les techniques sont parfaitement polies. À ce moment-là, on ne juge pas les gens. Le travail subtil et complexe de l’univers s’apprend de manière inspirée par la mission qui vous a été donnée. Et on l’accomplit en recevant la protection divine. Hormis la mission, on n’a pas le temps de discuter du bien et du mal des gens. Lorsqu’on discute du bien et du mal, une ouverture se crée, et dans cette ouverture, un mauvais esprit entre et frappe. Lorsqu’on éprouve les gens, ou lorsqu’on essaie de se battre avec eux, une ouverture se crée dans le cœur spirituel.”, Morihei Ueshiba, Takemusu Aïki Vol III, page 112

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  1. Voir “Prolongements à « Deviner la Chine » de Philippe Sollers”, Le Roi Dragon Magazine N°1, quant à ce que recouvre la notion de Céleste dans la pensée Extrême-orientale.
  2. Cet idéogramme est en rapport avec l’idéogramme Yi désignant la fonction centrale du plan métaphysique de l’être, la faculté de conceptualisation. Voir notre ouvrage “Comprendre l’essence du Budo”, Budo Editions, pages 224 et 233 à 239.
  3. Pour illustrer les rituels en rapport avec la descente de la pluie, je citerai deux anecdotes, l’une tirée de la vie du Fondateur, l’autre tirée de l’histoire d’un Grand Sage Sioux : “Bien qu’ils ne disposent d’aucune solution réelle, quelque chose devait être fait, et la démonstration d’un miracle impressionnant pourrait au moins calmer les soldats. Ils en étaient là de leurs réflexions lorsqu’ils arrivèrent sur les berges de la rivière Toru. Le 23 mai, par une journée magnifique, typique de la Mongolie, un ciel bleu et un temps sec, maître Ônisaburô dut promettre qu’il ferait tomber la pluie. … « Pour assister à l’événement, toutes les unités de la brigade s’étaient réunies au poste de commandement de l’Armée autonome du nord-ouest à Kabokukyokushi. Les hommes murmuraient entre eux que même Dieu aurait bien du mal à faire tomber la pluie par une journée aussi belle et dégagée. Alors qu’ils se tenaient debout en formation militaire, maître Onisaburô et son équipe s’avancèrent avec dignité. Après une courte pause, maître Onisaburô fit un signe des yeux à Matsumura, qui commença à prier en silence. Virtuellement, à l’instant où la prière débuta, le ciel s’assombrit et se remplit de nuages chargés de pluie. Une pluie torrentielle se mit à tomber, accompagnée de grands coups de vent qui menacèrent de briser les carreaux des fenêtres. Les gens furent tellement surpris qu’ils en restèrent comme frappés de stupeur, mais ils se précipitèrent bientôt pour fermer les fenêtres et rassembler les chaises qui avaient été alignées à l’extérieur pour une photo commémorative. On entendit dire par quelqu’un qu’il était dommage que la photographie ne puisse pas être prise maintenant. Matsumura jeta un rapide coup d’œil à maître Onisaburô et annonça à l’assemblée: « Ne vous inquiétez pas, dans cinq minutes le temps va s’améliorer ». Onisaburô quitta l’abri où ils s’étaient réfugiés, et observant le ciel, il cria « Wooha! » Soudain, le vent commença à faiblir, la pluie alla en diminuant et dans les cinq minutes, le soleil se mit à briller dans un ciel aussi bleu qu’il l’avait été précédemment. Ro exultait alors qu’il déambulait parmi ses hommes ébahis et frappés d’une terreur religieuse – il était fier de cette démonstration qui prouvait que les pouvoirs de maître Onisaburô n’avaient rien d’une simulation. », “Aïkido, L’Oeuvre d’une vie”, Kishomaru Ueshiba, Budo éditions, page 211,212“Pointant le pic Hamey qui apparaissait noir au loin, au-dessus de la frange du ciel, Elan-Noir dit : « Là-bas, alors que j’étais jeune, les esprits m’ont conduit en une vision au centre de la terre, et ils m’ont montré toutes les bonnes choses qui sont dans le cercle sacré du monde. Avant de mourir, je voudrais aller là-haut en chair et en os, car j’ai quelque chose à dire aux Six Grands-Pères. » Ainsi, le voyage au pic Hamey a été arrangé, et quelques jours plus tard nous étions là-haut. En route vers le sommet, Elan-Noir fit remarquer à son fils Ben : « Quelque chose se passera aujourd’hui. S’il me reste quelque pouvoir, les esprits du tonnerre de l’ouest m’entendront lorsque j’enverrai une voix, et il y aura au moins un peu de tonnerre et un peu de pluie. » C’était une journée lumineuse et sans nuages, et quand nous avons atteint le sommet, le ciel était parfaitement clair. La sécheresse sévissait, une des pires dont le vieil homme avait gardé la mémoire. Le ciel resta clair jusque vers la fin de la cérémonie. « Juste là, dit Elan-Noir en montrant un point sur le rocher, c’est là que je me tenais dans ma vision, mais le cercle du monde autour de moi n’était pas le même, car ce que je voyais était en esprit. » S’étant habillé et peint comme il l’avait été dans sa grande vision, il fit face à l’ouest, tenant devant lui la pipe sacrée avec sa main droite. Puis il envoya une voix, d’une voix qui semblait ténue et pathétique dans l’immense espace qui nous environnait : « Hey-a-a-hey ! Hey-a-a-hey ! Hey-a-a-hey ! Hey a-a-hey ! Grand-Père, Grand Esprit, regarde-moi, moi qui suis sur la terre, et penche-toi pour entendre ma faible voix. Tu as vécu le premier, et tu es plus vieux que tout besoin, plus vieux que toute prière. Toutes choses t’appartiennent, ceux qui ont deux jambes, ceux qui ont quatre pattes, les ailes qui sont dans les airs et toutes les choses vertes qui vivent. Tu as établi les pouvoirs des quatre quartiers qui se croisent. Tu as fait se croiser la bonne route et la route des difficultés, et là où elles se croisent, la place est sacrée. Jour après jour, et à jamais, tu es la vie de toutes choses. … « Une fois encore, peut-être la dernière fois sur cette terre, je rappelle la grande vision que tu m’as envoyée. Il se pourrait qu’une petite racine de l’arbre vive encore. Nourris-la, pour que reviennent des feuilles, des fleurs et des oiseaux chantant. Écoute-moi, non pour moi-même, mais pour mon peuple. Je suis vieux. Écoute-moi, afin qu’ils puissent revenir dans le cercle sacré et trouver la bonne route rouge, l’arbre protecteur ! » Nous qui écoutions avions remarqué que de légers nuages s’étaient amassés autour de nous. Une petite pluie glacée se mit à tomber, et il y eut un grondement sourd de tonnerre, sans éclair. Les larmes coulant sur ses joues, le vieil homme éleva sa voix jusqu’à une plainte très ténue, et il chanta : « Dans mon chagrin, j’envoie une faible voix, ô Six Pouvoirs du Monde. Écoutez-moi dans mon chagrin, car je n’appellerai peut-être jamais plus. O faites vivre mon peuple ! » Pendant quelques minutes, le vieil homme resta silencieux, le visage levé, pleurant sous la pluie. Un instant plus tard, le ciel était de nouveau clair.”, “Elan Noir Parle, La vie d’un saint homme des Sioux Oglalas”, John G. Neihardt, Editions Le Mail, pages 273 et suivantes.
  4. Voir “San Mitsu – Les trois Mystères” dans le Roi Dragon Magazine N°1.
  5. C’est donc en faisant retour à cette vertu que se produit l’Agissement Merveilleux.
  6. “Les connaissances des Dogon s’échelonnent selon quatre degrés qui sont, dans l’ordre tance croissante : le giri so  » parole de face « , premier savoir impliquant des explications simples où les personnes mythiques sont souvent travestis… le benne so  » parole de côté  » où sont don nées les explications de certaine partie des rites, et où la coordination n’apparaît qu’à l’intérieur des grandes divisions… le bolo so  » parole de derrière  » qui complète la précédente, fournit des synthèses s’appliquant à de plus vastes ensembles… le so dayi  » parole claire  » qui concerne l’édifice du savoir dans sa complexité ordonnée. », “Le savoir des Dogons”, Marcel Griaule
  7. Cette respiration dont je parle, c’est le fait d’être dans le monde naturel venant de l’Origine Unique. Grâce à cela, on est de plus en plus diligent dans les techniques du bu. Parce que le corps, dans son ensemble, devient lui-même cette manifestation. Lettres et paroles ne suffisent pas à comprendre ce genre de choses. Ceux qui veulent savoir doivent se recentrer et faire l’ascèse.”, Morihei Ueshiba
  8. Puis mettre les frontières du ki, du flux, de la douceur et de la force correctement en ordre, et comprendre clairement par l’expérience, c’est ce qui s’appelle la conscience divine.” “Takemusu Aïki”, Vol I, page 141
  9. changement de nom, apprentissage d’une nouvelle forme technique, changement de société d’initiation, etc..
  10. Cette Flamme est celle que l’on retrouve dans l’idéogramme Shu de DoShu. Voir ci-après.
  11. L’acte divin primordial, c’est le fait de s’harmoniser, de s’unifier et de devenir semblable au Dieu qui est un Grand Dieu et créateur. En d’autres termes, cette méthode consiste à venir à bout de la tâche qui nous a été impartie, à progresser vers l’unification avec l’âme divine de l’esprit. C’est devenir semblable au grand univers. Aussi, l’esprit en tant qu’esprit et le corps en tant que corps doivent être mis en ordre. Après avoir ordonné l’esprit et le corps chacun progressera vers le ki, le flux, la douceur, la force et leurs mondes. Puis mettre les frontières du ki, du flux, de la douceur et de la force correctement en ordre, et comprendre clairement par l’expérience, c’est ce qui s’appelle la conscience divine.” Morihei Usehiba, Takemusu Aïki, Vol I, page 141.
  12. « Comme avait fait le Nommo lors de la première divulgation, il octroyait son verbe au travers d’une technique, afin qu’il fût à la portée des hommes. Il montrait ainsi l’identité des gestes matériels et des forces spirituelles ou plutôt la nécessité de leur coopération”, “Dieu d’Eau, Entretiens avec Ogotemmêli”, Marcel Griaule.
  13. « Le principe de vie, c’est la pureté et l’intégrité qui le conservent. Pureté veut dire absence de tout mélange, intégrité signifie absence de tout déficit. Celui dont l’esprit vital est parfaitement intègre et pur, celui -là est un Homme vrai. », Tchoang-Tzeu 15-B
  14. “Aïkido : Enseignements secrets”, John Steevens, Budo Editions, page 85.
  15. « Aussi, l’esprit en tant qu’esprit et le corps en tant que corps doivent être mis en ordre. Après avoir ordonné l’esprit et le corps chacun progressera vers le ki, le flux, la douceur, la force et leurs mondes.Puis mettre les frontières du ki , du flux, de la douceur et de la force correctement en ordre, et comprendre clairement par l’expérience, c’est ce qui s’appelle la conscience divine.», Morihei Ueshiba, Takemusu Aïki Vol I, page 140-141« Comprendre que le travail de l’univers se fait en soi-même, c’est ça le véritable budô. Takaamahara est l’ensemble de l’univers. En ce qui concerne les mouvements de l’univers, l’apparition du soleil, de la lune, des étoiles existe grâce à l’action des frictions de la danse sacrée des divinités Takamimusubi et Kamimusubi qui montent en dansant vers la droite et qui descendent en dansant vers la gauche. Ainsi, toute la vie de l’univers est une mise en ordre. De cette manière, tous les rythmes apparaissent. », Morihei Ueshiba, Takemusu Aïki Vol II, page 106« Ce qu’il faut, c’est accomplir son devoir. Lorsque le devoir est devenu un dieu, c’est le bonheur. Ce n’est pas envahir un pays ou tuer quelqu’un, c’est faire obtenir à chacun sa place et les faire vivre. », Morihei Ueshiba, Takemusu Aïki Vol III, page 86
  16. Autrement dit, l’aïkido est la boussole qui maintient en vie toute chose. Par ailleurs, il a produit, jusqu’à présent, les techniques martiales et est la manifestation de takemusu. Ce bu, naissant conformément à la loi de la production et du développement des dix mille choses, est la loi qui maintient leur croissance.”, Takemusu Aïki, Editions du Cénacle, Vol I, page 143
  17. « Vous devez connaître votre centre. », « Lorsque je pratique, l’endroit où je me tiens se trouve au centre du ciel et de la terre. », « Le véritable budô retourne toujours au centre du cosmos. », Aïkido : Enseignements secrets, pages 147, 141, 117
  18. Voir note précédente.
  19. Cette transmission des composantes psychiques est un processus dont les principes se retrouvent identiquement chez tous les peuples traditionnels de la terre. Un individu hérite plus particulièrement des composantes d’un ancêtre mort. Ce lien est si fort (même s’il est inconscient jusqu’à ce que les premières étapes de la transformation spirituelle soient franchies) que le descendant reste en lien avec les composantes résiduelles du défunt qui persistent jusqu’au rite de levé du deuil. La gestion de tous les processus psychiques induits par la mort d’un individu fait l’objet de ce qui est assez improprement appelé culte des ancêtres, parce que bien plus qu’un culte c’est une science de la gestion de la psyché des défunts n’étant pas encore entrés dans le domaine spirituel.
  20. Par la pratique de l’aiki, on devient incapable d’exprimer de mauvaises choses, les mauvaises pensées ne surviennent pas. Les désirs s’éteignent. Néanmoins, un grand désir pour l’entraînement doit persister. Toutes les pensées se rapportant à la mission céleste, les attachements vils disparaissent et sont oubliés.” Morihei Ueshiba, Takemusu Aïki, Vol II, page 79
  21. Par la respiration, en respirant, on absorbe le ki du vide, le ki de la Terre et le ki de tous les êtres vivants qui se lient ainsi au sein de la nature et de la technique.”, Morihei Ueshiba, Takemusu Aïkido Vol III, page 79

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