N°6 – Benoit – La Circumambulation rituelle

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Benoit nous livre ici une étude sur la circumambulation en prenant exemple sur deux rites majeurs des traditions extrême-orientale et Islamique. Ils sont tous deux effectués en des lieux hautement sacrés, respectivement le Ming-Tang et la Kaabah, incarnations sur terre du Centre du Monde. Malgré cette communauté symbolique, les rites circumambulatoirs qui y sont effectués ne sont pas exactement de même nature, puisque dans un cas c’est le Roi-Pontif (Wang) qui “tourne” au sein du Ming-Tang, alors que dans l’autre cas ce sont les pratiquants qui “tournent” à l’extérieur de la Kaabah. Sans doute est-ce d’ailleurs pour cette raison que le sens de la déambulation s’effectue en sens inverse.

Fixer le Centre du Monde en un lieu terrestre est une nécessité première pour le processus initiatique puis l’accomplissement spirituel. Ce Centre est bien plus qu’un lieu marquant un centre spatial, il est aussi un Centre permettant de qualifier le temps par rapport a l’organisation des activités journalières, lunaires, annuelles, par rapport à un ordonnancement de la marche historique et cosmique de l’humanité, par rapport au processus d’existentiation Universel. Ce Centre devient alors l’image de l’Origine Ultime par laquelle les origines de l’Esprit et de la Matière procèdent. Il est donc le Centre par lequel le Multiple peut devenir manifeste au sein de l’Unité immuable, par un processus que l’on peut appeler la Descente Ontologique. Cette descente se traduit, sous le point de vue du passage du Général au Particulier et en utilisant la terminologie propre aux traditions Abrahamiques, par une succession de degrés existentiels que l’on peut exprimer de la sorte : l’Être Universel, Adam androgyne, Adam-Eve indistingués, Adam-Eve se reconnaissant homme et femme, Adam et Ève hors du paradis, puis les descendants du couple hyper-humain, enfin l’homme individuel descendant des descendants d’Adam et Ève. On peut percevoir ce processus comme un mouvement vertical jusqu’à ce qu’Adam et Ève soient sur Terre et engendrent leur descendance, puis comme un processus horizontal qui est un déploiement de la multitude à partir du couple central.

L’étape ultime de la Réalisation Spirituelle consiste, pour un être qui part de sa condition d’être individuel, à franchir toutes les étapes qui le même à n’être plus rien d’autre que l’Être Universel. On peut extrapoler de ceci que ce long processus revient à réaliser le chemin inverse à la descente ontologique. De sa position d’homme munie d’une conscience distinctive, il faut donc retourner horizontalement au Centre où se tient le couple Adam-Eve par l’initiation, puis remonter le long de l’Axe du Monde à travers des différents états menant à celui les totalisant tous (l’Être Universel) par l’accomplissement spirituel :

“Suivez-moi en esprit, par delà la lumière, jusqu’au principe yang de toute splendeur ; et, par delà l’obscurité, jusqu’au principe yinn des ténèbres. Suivez-moi maintenant, par delà ces deux principes, jusqu’à l’unité (le principe suprême) qui régit le ciel et la terre, qui contient en germe et de qui émanent le yinn et le yang, tous les êtres. Connaître ce Principe, c’est la science globale, qui n’use pas. Se tenir en repos, dans sa contemplation, voilà ce qui fait durer toujours.”

Comme le souligne Benoit dans son étude, le disciple du grand Cheik Ibn Arabi rappelle que le rite de l’Aswât – composé de sept circuits de déambulation dont celui où l’on effectue la circumambulation autour de la Kaabah – est un rite pouvant servir à l’initiation pour les personnes engagées dans une Voie (tariqâ). Sans doute, lorsqu’un être d’un sexe donné réalise une parfaite complémentarité avec son conjoint, un parfait accord avec les cycles saisonniers, une parfaite harmonie avec la diversité humaine de l’organisation sociale, peut-il alors accéder existentiellement à la réalisation de l’archétype Adamique. Ainsi le pèlerin, lorsqu’il est en chemin vers la Kaabah, effectue-t-il un authentique retour au Centre, qui peut être l’occasion de vivre l’expérience de la transmigration.

Restera ensuite à réaliser la parfaite gémellité, la parfaite androgénité, la parfaite Unité.

Benoit, nous rapporte enfin les différentes traditions liées à la Kaabah, et par là même nous dévoilent les différentes fonctions de ce lieu hautement sacré. La réactualisation par le Prophète du lieu Originel, donne aux hommes le moyen infiniment précieux de pouvoir faire coïncider début et fin des temps, de revenir physiquement à l’origine du déploiement spatial, de disposer d’un autel où sont enchâssées les Influences Spirituelles donnant le moyen de lier son âme à l’Âme du Monde pour s’annihiler en l’Être Suprême.

 

Bonne lecture

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Très rare au Japon, un stupa de style népalais devant le Mont Fuji

La circumambulation (du latin circum ambulatio, c’est-à-dire « marche autour ») consiste à tourner autour d’un symbole ou à l’intérieur de celui-ci.

Elle est un des rites universellement attestés parmi les religions des quatre coins du monde. Exécutée le plus souvent autour d’un pôle central, représentation terrestre de la demeure céleste ou de l’Axis Mundi qui est le lieu de rencontre entre le Ciel et la Terre. Cet Axe du Monde peut représenter par une montagne, un arbre ou un omphalos s’élevant au-dessus de ce qu’on appelle le Centre du Monde.

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La montagne d’Arunachala est à l’Inde du Sud ce que le mont kailash est au Tibet. Situé à Tiruvannamalai, dans le Tamil Nadu, cette colline sacrée,depuis des temps immémoriaux, est dédiée à Shiva. Les pèlerins y effectuent  la Giri-pradakshina  par milliers chaque année ; ils parcourent les 13 Km de terre battue pieds nus ; un bain purificateur dans le bassin sacré du temple les a préparés à recevoir le rayonnement d’Arunachala.

Le Centre

« Le Centre est, avant tout, l’origine, le point de départ de toutes choses ; c’est le point principiel, sans forme et sans dimension, donc indivisible, et, par suite, la seule image qui puisse être donnée de l’Unité primordiale. Il est le Principe,  l’Être pur, tout vient de Lui et tout retourne à Lui car les choses n’existent qu’au travers Lui.

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Dante et Béatrice contemplent la rose céleste du 10e ciel, l’Empyrée,: Illustration par Gustave Doré

Et l’espace qu’Il emplit de son rayonnement, c’est le Monde au sens le plus étendu de ce mot, l’ensemble de tous les êtres et de tous les états d’existence qui constituent la manifestation universelle. »[1]

En fait le Centre n’est qu’une projection de l’Axe sur Terre. Il s’agit en fait d’unir le centre du monde terrestre au centre du ciel, qui est figuré par l’étoile polaire, par exemple. C’est le long de l’Axe que s’élève vers les états supérieurs celui qui est arrivé au Centre.

Tous les êtres, dépendant de leur Principe en tout ce qu’ils sont, doivent, consciemment ou inconsciemment, aspirer à retourner vers Lui.

L ’orientation rituelle,  est proprement la direction vers un centre spirituel, image terrestre sensible du véritable « Centre du Monde »[2].

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La structure des cieux et du Paradis selon Dante

Le Ming tang

Le Ming tang[3] est un édifice symbolique jouant un rôle important dans les  pratiques impériales de la Chine historique. Le toit de cet édifice avait une forme arrondie, tandis que sa base avait une forme carrée ou rectangulaire ; entre ce toit et cette base, qui rappellent les deux parties supérieure et inférieure de l’écaille de la tortue, l’Empereur représentait l’Homme entre le Ciel et la Terre, l’« homme véritable »[4].

Cet édifice était comme une image de l’Univers  concentrée en quelque sorte en un lieu qui représentait l’« Invariable Milieu »[5].

L’Empereur accomplissait dans le Ming-tang, au cours du cycle annuel, une circumambulation dans le sens « solaire »  se plaçant successivement à douze stations correspondant aux douze ouvertures, et où il promulguait les ordonnances (yue-ling) convenant aux douze mois ; il s’identifiait ainsi successivement aux « douze soleils »[6] ou signes du zodiaque.

Cette circumambulation s’effectuait toujours avec retour au centre, marquant le milieu de l’année[7], de même que, lorsqu’il visitait l’Empire, il parcourait les provinces dans un ordre correspondant et revenait ensuite à sa résidence centrale. l’Empereur apparaissait proprement comme le « régulateur » de l’ordre cosmique même, ce qui suppose d’ailleurs l’union, en lui ou par son moyen, des influences célestes et des influences terrestres. En répartissant les fonctions, en classant les choses et les êtres, le roi empêche un mélange des activités vulgaires et divines, un contact désordonné du Ciel et de la Terre.

«  Celui-ci fait le tour de l’Empire dans le sens du Soleil (T’ien tao), de manière à ajuster, comme les Orients aux Saisons, les Insignes des fidèles aux Vertus emblématiques des quatre quartiers du Monde ; il prouve ainsi qu’il est capable de faire régner sur « la Terre des Hommes (T’ien hia) » un Ordre céleste (T’ien Tao) : il mérite d’être appelé Fils du Ciel (T’ien tseu), car il a fait voir qu’il possède la Voie céleste (T’ien Tao)[8]. Il mérite d’être appelé Roi-suzerain (Wang)[9] quand il a fait voir qu’il possède la Voie  royale (Wang Tao) : pour cela, il doit prouver qu’il est l’Homme Unique et la seule Voie par laquelle le Ciel, les Hommes et la Terre peuvent communiquer. »

«En tant que fils du Ciel et de la Terre, “l’Être Primordial” possédait la plénitude de la nature humaine dont il avait développé toutes les possibilités. Il était parfaitement équilibré au regard du yin et du yang[10] : yin par rapport au Principe générateur de toute manifestation et yang vis-à-vis du Cosmos.

En se tournant en direction de son complément, le yin ou le Nord, il amorçait alors la voie descendante du yang vers le yin, du Ciel vers la Terre.  Cette  orientation peut être dite « polaire » ; la « circumambulation » s’accomplissant  en ayant constamment à sa gauche le centre autour duquel on tourne (orientation de la tradition islamique).

L’homme des époques ultérieures, par suite de la dégénérescence spirituelle qui correspond à la marche descendante du cycle, est devenu yin par rapport au Cosmos. il se tournait alors vers le complément qui lui faisait défaut, le yang, afin de remonter la voie ascendante du yin vers le yang, de la Terre vers le Ciel. Aussi l’individu, à la recherche de l’équilibre perdu, regardait-il en direction du Sud ou du soleil au méridien, c’est-à-dire au plus haut dans le Ciel[11]. On l’appelle l’orientation « solaire ».

La « circumambulation » s’accomplit en ayant constamment à sa droite le centre autour duquel on tourne ; (comme la pradakshinâ, telle qu’elle est en usage dans les traditions hindoue et thibétaine).

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L’homme, regardant l’Étoile polaire ou le « faîte du Ciel », a l’Est à sa droite et l’Ouest à sa gauche ; dans le second cas, regardant le Soleil au méridien, il a au contraire l’Est à sa gauche et l’Ouest à sa droite.

Privilégier la droite ou la gauche, dans chacune des deux modalités, revenait à accorder la prééminence à l’Est, considéré comme le côté lumineux, par opposition à l’Ouest, assimilé au côté sombre.

La Kaabah

Dans la tradition islamique, La Kaabah (Maison Honorée)[12] est symboliquement le centre et le cœur du monde terrestre. Elle se trouve géographiquement au milieu des cinq continents et est perpendiculaire à la Maison Illuminée (Baïtul Mamur), la Maison du septième Ciel.

Depuis des temps immémoriaux bien avant l’avènement de l’homme sur terre,  La Maison Honorée fut construite pour être le centre du pèlerinage (hajj) des anges. Elle fut créée par le Verbe divin (Sois et c’est). Ibn Abbas rapporte que : « Allah fit connaître à Adam l’existence de la Maison Honorée avant qu’il n’y eût été descendu ».

« Au commencement était  La Kaabah   : c’est à partir d’elle que la terre fut étalée puis affermie par les montagnes[13]. C’est de son argile que furent créés la tête et le front d’Adam[14].

Retour à ce que la tradition désigne comme « le nombril de la terre », « le centre du monde d’ici-bas », « la mère des cités »[15], le hajj est aussi retour à l’instant ou s’ébranla l’horloge du temps : « Le temps est revenu à son état premier, celui qui était le sien le jour où Dieu créa les cieux et la terre », proclame le Prophète lors du Pèlerinage d’adieu[16].

Par quoi il faut entendre que l’islam restaure l’ordre originel, la religio perennis (al-dîn al-qayyim, Cor. 12 : 40) dont il est la forme ultime à l’aube de la consommation des siècles. »

Adam eut ainsi le rôle de reconduire le culte de la Maison d’Allâh pour un cycle traditionnel nouveau, spécialement « humain.

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La Kaabah

De son côté, le Temple visité (al-Bayt al-Ma’mûr) qui se trouve au Ciel et dans lequel chaque jour entrent 70 000 anges pèlerins qui n’y reviennent plus, jusqu’au Jour de la Résurrection, faisait face d’en haut à la Sainte Kaabah (qui en avait été placée comme le reflet terrestre).

Allâh fît descendre Adam au sol de la Kaaba, lequel trembla comme un navire violemment secoué. Il fit descendre aussi pour Adam la Pierre Noire qui à l’époque brillait comme perle blanche : Adam la serra contre lui recherchant un état d’intimité avec elle. Allâh prit ensuite le pacte écrit qui avait été conclu avec les descendants d’Adam et l’enferma dans la Pierre[17] ; puis en faisant descendre du Paradis le Bâton (al-‘Asâ)[18] pour Adam, Allâh dit : « Marche maintenant ! » Adam s’avança et le voilà déjà dans l’Inde. Il y resta autant qu’Allâh voulu qu’il y restât. Ensuite comme il ressentait un grand désir du Temple, il lui fut dit : Vas-y en pèlerinage ô Adam !… » [19]

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Le pic d’Adam

Le pèlerinage terrestre  avait comme  raison d’être  de constituer  un culte qui remplace le culte céleste auquel Adam n’avait plus accès.

Dieu lui envoya du paradis une tente de rubis ainsi que la Pierre qui était alors un diamant éblouissant de lumière. Adam instaura le rite céleste de la circumambulation autour de la Pierre, laquelle devint progressivement noire du fait de l’idolâtrie des hommes. Toujours enchâssée dans un des angles de La Kaaba, la Pierre Noire est un signe tangible de l’Alliance établie entre Dieu et l’humanité[20].

Après la mort d’Adam, la tente céleste fut élevée au ciel. Ses fils construisirent une Maison sur l’emplacement de la tente, mais le Déluge submergea cette Maison, et son emplacement fut oublié par les hommes.

C’est Abraham, assisté de son fils Ismâ’il, qui sur ordre divin (Cor. 2 : 125-131) construira la première  Kaabah   faite de main d’homme à l’emplacement sacré où le conduit la Sakîna[21], la Présence divine, manifestée sous la forme d’un nuage dont l’ombre dessine les contours de l’édifice à bâtir. L’ange Gabriel lui apportera la pierre angulaire, dont les péchés des hommes vont bientôt ternir l’éclat paradisiaque et qui deviendra la Pierre noire (qu’un revêtement vitrifié protège maintenant des excès du zèle pieux). Plus d’un pèlerin tentera en la regardant, d’y percevoir un reflet de sa blancheur primordiale[22].

La circumambulation à proprement parler, appelée, tawâf  « circuit », a lieu à trois reprises pendant le pèlerinage en conformité avec  celui  effectué par le Prophète lui-même à l’occasion de son « pèlerinage d’adieu » : «une tournée de salutation» (  tawâf at-tahiyya  ),  «le circuit du débordement» (tawaf al-ifâda), qui a lieu le dix du mois après le retour à La Mecque du Mont ‘Arafat et  le «circuit d’adieu» (tawâf alwadâ’), qui est le cérémonial final effectué à la conclusion du pèlerinage avant le voyage de retour.

Après avoir procédé à une ablution majeure, le pèlerin signale son entrée dans l’état de sacralité (ihrâm) en se vêtant d’un habit blanc, composé de deux pièces, appelés respectivement le ridâ ‘et le izâr; Le grand théologien et mystique al-Ghazālī (1058-1111)  précise dans son Ihyâ’ ‘ulûm ad-ďin que le blanc est la couleur préférée de Dieu en matière d’habits et que ce vêtement solennel rappelle le vêtement ultime du pèlerin, à savoir le linceul[23] : « De même, il rencontrera Dieu après la mort vêtu d’un habit différent de celui qu’il portait dans ce monde. En effet, ce vêtement ressemble aux habits du ihrâm car ces derniers n’ont point de couture à l’instar d’un linceul. ».

Le ridâ est effectivement précieusement conservé tout au long de la vie par le pèlerin musulman, auquel il servira de couverture mortuaire dans la tombe. Vêtu de cet habit, et dans un état de pureté rituelle, le pèlerin accomplit un tawâf at-tahiyya «une tournée de salutation», le rite initial effectué lors de l’arrivée à La Mecque. Entrant dans la Grande Mosquée par la porte septentrionale (bab as-salâm) du côté nord-est, il avance vers la Pierre noire incrustée dans le mur de La Kaabah, où il effectue successivement et sans interruption les sept circuits (aswât) dans le sens contraire des aiguilles d’une montre.

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La Pierre noire

Selon Abdel-Karim Al-Djili, le disciple le plus proche de ‘Ibn ‘Arabi, l’accomplissement des sept circuits constitue un rite d’initiation grâce auquel le cheminant s’approprie les attributs divins – sa vie divine devient sienne, la connaissance divine devient sienne, la volonté divine devient sienne, etc., comme il est écrit dans le Hadith de Bukhârî sous la forme suivante : « Mon serviteur se rapproche de Moi par rien qui ne Me soit plus cher que les oeuvres que Je lui ai imposées, et il continue à se rapprocher de Moi par les oeuvres surérogatoires, de telle sorte que Je l’aime ; et quand Je l’aime, Je suis l’ouïe par laquelle il entend, la vue par laquelle il voit, la main par laquelle il saisit, le pied par lequel il marche… »[24]

A la conclusion de chaque circuit, il est recommandé de toucher la Pierre noire, ou, si la foule est trop dense, de la saluer au moins de loin. Les trois premiers circuits sont effectués à un pas rapide (ramai) alors que les quatre derniers, pendant lesquels des litanies spéciales sont chantées, sont accomplis à un rythme normal. A la conclusion, le pèlerin se presse contre la partie du mur de  La Kaabah   située entre la Pierre noire et la porte de La Kaabah.

Chacune de ces stations est accompagnée de formules rituelles.

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Le Maqām Ibrāhīm à gauche de l’image, en bas

Enfin, il effectue deux rak’a-s[25]  derrière le maqâm Ibrahim et s’imbibe d’une gorgée de l’eau sacrée du puits de Zamzam, dont il est dit qu’il sourd d’en dessous du sanctuaire. Là-dessus le pèlerin prend congé en touchant de nouveau la Pierre noire dans un geste d’adieu. Le tawâf est suivi d’une course septuple (sa’y) entre les deux rochers Safâ et Marwâ, en souvenir de la course effectuée par Hagar[26] à la recherche d’eau en ce même lieu pour son fils Ismaël.[27]

Le pèlerin se résorbe donc dans l’Unicité divine. « Toute chose retourne à Dieu », avertit le Coran (3 : 109). L’annihilation de l’ego humain se matérialise bien évidemment dans le tawâf.

Ainsi, pour Ibn ‘Arabî, les circumambulations du pèlerin autour de la Kaaba sont celles du néant existentiel (al-‘adam) de l’homme autour de la seule Réalité véritable : l’Être de Dieu (al-Wujûd). Mais cette extinction en Dieu, le « fanâ » des soufis, prend toute sa signification à ‘Arafât.

Lors de la « Station » à ‘Arafât pour «le circuit du débordement» (tawaf al-ifâda),  la himma[28] y est telle qu’elle provoque, dit-on, la précipitation de la pluie[29] de la Miséricorde.

« Les pèlerins », disait le Prophète, « sont les hôtes de Dieu ». Ils viennent en réponse à l’Appel divin. C’est le sens de la talbiya[30] : « Me voici à Toi, Mon Dieu, me voici à Toi. Tu n’as pas d’associé. La louange, le bienfait, ainsi que la royauté T’appartiennent. Tu n’as pas d’associé ! » Cette formule doit être prononcée à voix haute pour briser l’oubli et l’éloignement qui sont la condition habituelle de l’être humain.

Pour conclure, il faut ajouter que  les spirituels de l’islam prennent la Kaaba pour ce qu’elle est, précisément : un simple support d’adoration.

Ainsi,  Râbi‘a al-‘Adawiyya, sainte irakienne du IXe siècle, qui, sur la route du Pèlerinage, vit venir à elle la Kaaba. « Ce qu’il me faut à moi, dit-elle, c’est le maître de la Kaaba et non la Kaaba ; qu’ai-je à faire d’elle ? » Et elle ne daigna pas la regarder. Dans une autre occasion, elle s’exclama : « Je suis une brique [non cuite] et la Kaaba est une pierre. Ce qu’il me faut, c’est la contemplation de Ta face ».

Ibn ‘Arabî, quant à lui, traite la Kaaba d’« être mort » et assimile la circumambulation à une « prière faite sur un cadavre ».

Al-Hallâj, soufi mis à mort à Bagdad en 922, déclara dans un de ses vers : « Il est des hommes qui processionnent mais non avec leur corps. Ils processionnent autour de Dieu, qui les a dispensés d’aller au sanctuaire ». Il s’agissait ici d’un dépassement du sens exotérique du Pèlerinage, non de sa négation. Dans la littérature spiritualiste, la Kaaba est souvent identifiée au coeur du croyant, centre de son univers. Le coeur est alors considéré comme une enceinte sacrée que Dieu protège contre le mal.

Le caractère éprouvant du Hajj lui est consubstantiel, puisque celui-ci n’a d’autre but que la purification et la mort initiatique de l’ego humain : « Mourez avant de mourir ! », avait dit le Prophète.

Notes :

[1] Les liens entre le monde de la manifestation et le Principe sont représentés par les rayons joignant le Centre aux différents points de la circonférence et qui peuvent être parcourus dans les deux sens (du Centre vers la circonférence et inversement). Ainsi, deux phases complémentaires, comparables à celles de la pulsation cardiaque, opèrent. Le sang est pompé dans l’organisme pour vivifier les tissus et revient dans le cœur, purifié par les poumons. Le point central n’est pas seulement le “Centre du Monde”, il est aussi le “Cœur du Monde”.

[2] Dans l’Islam, cette orientation (qibla) est comme la matérialisation  de l’intention (niyya) par laquelle toutes les puissances de l’être doivent être dirigées vers le Principe divin.

[3] Certains sinologues, ne voyant que son caractère le plus extérieur, l’ ont appelé la « Maison du Calendrier », mais  la désignation,  signifie littéralement « Temple de la Lumière. Une des devises principales de la Société secrète Tien-ti-houei  est : « Détruire l’obscurité (tsing), restaurer la lumière (ming) », de même que les Maîtres Maçons doivent travailler à « répandre la lumière et rassembler ce qui est épars »   (cf. B. Favre, Les Sociétés secrètes en Chine, pp. 138-139 et 170).

[4]  L’« homme véritable » ou pleinement réalisé,   est véritablement le « microcosme »,  en raison de sa situation « centrale », qui en fait comme une image ou plutôt comme une « somme » de tout l’ensemble de la manifestation, sa nature, synthétisant en elle-même celle de tous les autres êtres, de sorte qu’il ne peut rien se trouver dans la manifestation qui n’ait dans l’homme sa représentation et sa correspondance. Il est celui qui a atteint la plénitude de l’état humain.

Il  est celui qui est  parvenu au plein développement de ses facultés supérieures et qui « peut aider le Ciel et la Terre dans l’entretien et la transformation des êtres, et, par cela même, constituer un troisième pouvoir avec le Ciel et la Terre. Il est identifié à l’Homme Primordial

L’« homme transcendant », par contre   qu’on a appelé parfois « homme divin » ou « homme spirituel » (cheun-jen), est celui qui est parvenu à la réalisation totale et à l’« Identité Suprême ».  Celui-ci  est  devenu effectivement l’« Homme Universel ».

Il n’est plus à proprement parler un homme, au sens individuel de ce mot, puisqu’il a dépassé l’humanité et est entièrement affranchi de ses conditions spécifiques, aussi bien que de toutes les autres conditions limitatives de quelque état d’existence que ce soit.

L’« homme transcendant » et l’« homme véritable », correspondant respectivement au terme des « grands mystères » et à celui des « petits mystères », sont les deux plus hauts degrés de la hiérarchie taoïste.

Dans la tradition islamique, les états auxquels aboutissent respectivement les « petits mystères » et les « grands mystères » sont désignés comme l’« homme primordial » (el-insân el-qadîm) et l’« homme universel » (el-insân el-kâmil) ; ces deux termes correspondent donc proprement à l’« homme véritable » et à l’« homme transcendant » du Taoïsme.

[5] l’« invariable milieu » (tchoung-young) est le lieu de l’équilibre parfait, et, en même temps, le point où se reflète directement l’« Activité du Ciel ».  Suivant la doctrine hindoue, au centre de tout être, comme de tout état de l’existence cosmique, réside un reflet du Principe suprême. (René Guénon).

[6] Ce sont  les douze Âdityas de l’hindouisme et autant de manifestations d’une essence unique et indivisible.Il est dit aussi que ces douze Soleils apparaîtront tous simultanément à la fin du cycle, rentrant alors dans l’unité essentielle et primordiale de leur nature commune.

Chez les Grecs, les douze grands Dieux de l’Olympe sont aussi en correspondance avec les douze signes du Zodiaque de la tradition hindoue, et aussi les « douze fruits de l’Arbre de Vie » dans le symbolisme apocalyptique (22 :2)

[7] Ce milieu de l’année se situait à l’équinoxe d’automne quand l’année commençait à l’équinoxe de printemps.

[8] On qualifie de « Voie (Tao) Céleste » le chemin circulaire du Soleil.

[9] Le Wang était essentiellement l’« Homme Universel », et celui qui le représentait devait  tout au moins, être  « homme transcendant », c’est-à-dire avoir réalisé le but final des « grands mystères » et c’est ainsi qu’il pouvait s’identifier  effectivement à la « Voie Centrale » ou « Voie du Milieu » (Tchoung-Tao), c’est-à-dire à l’axe même, le pilier central du Ming-tang.

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[10] Yin et yang : Tout ce qui est actif, positif ou masculin est yang, tout ce qui est passif, négatif ou féminin est yin. Ces deux catégories sont rattachées symboliquement à la lumière et à l’ombre : en toutes choses, le côté éclairé est yang, et le côté obscur est yin ; mais, n’étant jamais l’un sans l’autre, ils apparaissent comme complémentaires beaucoup plus que comme opposés.

Il ne faut pas interpréter ici cette distinction de la lumière et de l’ombre en termes de « bien » et de « mal ».

René Guénon explique ainsi  « … Le Ciel est entièrement yang et la Terre est entièrement yin, ce qui revient à dire que l’Essence est acte pur et que la Substance est puissance pure ; mais eux seuls le sont ainsi à l’état pur, en tant qu’ils sont les deux pôles de la manifestation universelle ; et, dans toutes les choses manifestées, le yang n’est jamais sans le yin ni le yin sans le yang, puisque leur nature participe à la fois du Ciel et de la Terre … ».

« …En considérant  le yang et le yin sous leur aspect d’éléments masculin et féminin, on pourra dire que, en raison de cette participation, tout être est « androgyne » en un certain sens et qu’il l’est d’ailleurs d’autant plus complètement que ces deux éléments sont plus équilibrés en lui ; le caractère masculin ou féminin d’un être individuel   peut donc être considéré comme résultant de la prédominance de l’un ou de l’autre… ».

[11] On peut également rapprocher de ceci ce texte du Yi-king : « Le Sage a le visage tourné vers le Sud et écoute l’écho de ce qui est sous le Ciel (c’est-à-dire du Cosmos), il l’éclaire et le gouverne. »

[12] Grande construction cuboïde au sein de la Masjid al-Haram (« La Mosquée sacrée») à La Mecque.

[13] Tabarî, Ta’rîkh, Le Caire, s.d. p. 49. Cette donnée traditionnelle est reprise par Ibn Arabî, citant l’ouvrage d’Abû l-Walîd Muhammad al-Azraqî (principale source de Fâkihî) dans Muhâdarat al-abrâr, Beyrouth, 1968, I, p. 395.7

[14] Tha’labî, Qisas al-anbiyâ, Le Caire, 1371h., p. 17.

[15] Yâqût, Mu’jam al-buldân, Beyrouth, 1986, I V, p. 463. L expression « mère des cités » (umm al-qurâ) est coranique (6 : 92).

[16] Bukhârî, tafsîr, IX, 8.

[17] C’est pourquoi la pierre témoignera le Jour de la Résurrection contre ceux qui voudraient nier l’existence du Pacte Primordial.

[18] Il s’agit du bâton des Prophètes rendu célèbre par Moïse auquel il avait été transmis par Shu’ayb (Jéthro).

[19]  Ath-Tha’labî op. cit. Section sur Abraham, ch. V

[20] Selon Ibn ‘Abbâs,  la pierre noire est la droite d’Allâh sur terre. Celui qui n’a pas pu faire le pacte [ou saisir le sens du pacte fait] avec l’envoyé d’Allâh, qu’il embrasse la pierre, il aura alors fait allégeance à Allâh et à Son envoyé  (Suyûtî, al-durr al-man-thûr, Vol. 1,p. ?).

« Elle retournera au Paradis au Jour du Jugement. Elle a un pouvoir de guérison, diminué toutefois par le contact des pécheurs. Elle est l’ « aimant » des hommes Elle voit et elle parle, elle témoignera au Jour dernier. Ésotériquement, c’est elle qui nomme les Imans. » Pierre Ponsoye – L’ Islam et le Graal – Étude sur l’ésotérisme du Parzival de Wolfram von Eschenbach – III – Correspondances symboliques.

[21] Es-Sakînah : la « Grande Paix »   est la même chose que la Shekinah de la Kabbale hébraïque, c’est-à-dire la « Présence divine » qui est la manifestation même de l’« Activité du Ciel.

[22] Muhammad al-Makhzûmî, Al-Jâmi’ al-latîf fî fadl Mekka, Le Caire, 1357h., p. 34.

[23] Al-Ghazālī, Ihyâ’ ‘ulûm ad-ďin, t. I, liv. VII, chap. 2, Beyrouth, s.d.,p. 248 et chap. 3, p. 268

[24] (Çahîh, tome VIII, bâb al-tawâdu`, p. 131.)

[25] Rakat (Rakaate, Rak’a) : Unité de base de la prière islamique. Chaque prière rituelle est composé de 2 à 4 de ces Rakates. Une Rakat est la succession, à partir de la station debout,  – d’une inclinaison du buste (jusqu’à ce qu’il soit à l’horizontal, les mains solidement posées sur les genoux) suivi d’un redressement, puis  – d’une prosternation (on pose le front et le nez sur le sol, les mains posées à plat de chaque côté du visage, les genoux et les pieds posés eux aussi au sol) suivi d’un redressement (en restant assis), puis  – d’une nouvelle prosternation identique à la précédente et d’un redressement.

[26] « …Abraham n’avait toujours pas de descendance et son épouse, Sarah,  pensait qu’elle était stérile. Lassée d’attendre, elle finit par lui offrir sa servante afin qu’il puisse avoir un enfant.

Ismaël naquit d’Abraham et Hagar.

Sarah devint alors extrêmement jalouse et pria Abraham d’éloigner Hagar et son fils. Il emmena l’enfant et la mère dans un endroit désertique et aride, la vallée de La Mecque, où il revint de temps en temps les voir. Hagar était restée seule avec son enfant dans ce pays de la soif. Ismaël était sur le point de mourir. L’enfant pleurait et sa mère affolée courait d’une colline à l’autre pour chercher du secours. En pleurant, Ismaël frappait le sable de ses talons si bien qu’une source en jaillit avec force et abondance. Pour la tempérer, Hagar dit à la source : « zemzem », « calmement-calmement ».

Hagar symbolise l’âme assoiffée de vérité. Elle a le même cheminement qu’Abraham qui cherchait la Vérité à travers les croyances de son temps, puis à travers l’astronomie et l’astrologie. Mais chaque fois qu’il croyait l’avoir atteinte, il se retrouvait insatisfait. La Vérité était encore au-delà. Telle Hagar, l’âme dans sa quête court d’une hésitation à l’autre, d’une fausse certitude à l’autre, d’une question à l’autre, cherchant l’eau de Vérité dans la Source de la vie… » (Histoire des Prophètes : Abraham (sur lui le salut et la paix) – Cheikh Khaled Bentounès).

[27]  Charles-André Gilis montre que le sa’y est, fondamentalement, « un rite de purification et d’épreuve »   Il s’agit de « la purification des qualités subordonnées à la vie » : « le pèlerin qui accomplit la septuple course doit « mourir à lui-même », en ce sens que la vie ne lui appartient plus en propre, de telle sorte qu’il apparaît comme un simple réceptacle disposé en vue de la manifestation de la Vie divine ».

[28] L’aspiration (himma), c’est la force que le cœur projette lorsqu’elle recherche quelque chose avec dévouement.

C’est l’ « aspiration concentrative », vers le Centre.

[29] La pluie est, en islam comme dans toutes les traditions, un symbole de la Miséricorde divine et plus particulièrement de la descente des influences spirituelles ou célestes (Cf. René Guénon, « La lumière et la pluie » repris dans les Symboles [fondamentaux] de la Science sacrée).

[30] Talbia, talbiya : Invocation que le pèlerin musulman prononce à haute voix au moment où il formule l’intention (Ihrâm) d’effectuer le pèlerinage et durant le pèlerinage lui-même, à plusieurs occasions et notamment à son arrivée à la mosquée sacrée de La Mecque.

La talbiya (réponse à l’Appel divin) formulée par le pèlerin vise précisément à renouveler le Pacte primordial (al-mîthâq) scellé entre Dieu et les hommes dans la pré-éternité, avant l’incarnation des esprits sur terre : « Ne suis-Je point votre Seigneur ? Ils dirent : oui, nous en témoignons » (Coran 7 : 172).

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Les Israélites devant les murailles de Jéricho par Julius Schnorr von Carolsfeld

« Yahweh dit à Josué : « Vois, j’ai livré entre tes mains Jéricho et son roi, ainsi que ses vaillants hommes. Marchez autour de la ville, vous tous, les hommes de guerre, faites une fois le tour de la ville ; tu feras ainsi pendant six jours. Sept prêtres porteront devant l’arche sept trompettes retentissantes ; et le septième jour, vous ferez sept fois le tour de la ville, et les prêtres sonneront des trompettes. Quand ils sonneront de la corne retentissante, et que vous entendrez le son de la trompette, tout le peuple poussera une grande clameur, et le mur de la ville s’écroulera ; alors le peuple montera, chacun devant soi.  » » — Livre de Josué, traduction de Crampon, 6:1-62 (est le premier livre des Prophètes dans le Tanakh, la Bible hébraïque, et le sixième livre de l’Ancien Testament chrétien) Suivant le récit, les murs de la ville s’effondrèrent le septième jour, et Jéricho fut rasée, sa population massacrée et le lieu maudit.

Sources :

La pensée chinoise (1934), de Marcel Granet

Aperçus sur l’Ésotérisme islamique et le Taoïsme, René Guénon, éd. Gallimard, 1973

L’idée du Centre dans les traditions antiques Publié dans Regnabit, mai 1926

La Grande Triade, René Guénon, éd. Gallimard, 1957

Aperçus sur l’Initiation, René Guénon, éd. Éditions Traditionnelles, 1964

Le Triangle de l’Androgyne et le Monosyllabe « OM » – Michel Vâlsan, Études Traditionnelles, 1966.

Charles-André Gilis – La Doctrine initiatique du Pèlerinage à la Maison d’Allâh

Le pèlerinage – Eric Geoffroy

Le paradoxe de la Ka’ba – Michel Chodkiewicz

Le symbolisme du rite de la circumambulation dans le judaïsme et dans l’islam – Paul B. Fenton

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