N°8 – Benoit – Quelques aperçus sur le Swastika

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Chapelet tibétain

La figure du swastika se rattache directement à la Tradition primordiale [1], car on la rencontre dans les régions du monde les plus diverses, et cela dès les temps les plus reculés. Ses plus anciennes traces connues datent de l’époque de la pierre polie (néolithique) à partir des VIIIe et VIIe millénaires.

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Jarre datant du néolithique

Il s’est conservé surtout en Inde et dans l’Asie centrale et orientale. Dans l’antiquité nous trouvons ce signe chez les Celtes et dans la Grèce préhellénique ; et, en Occident encore, il fut un des emblèmes du Christ et demeura même en usage comme tel jusque vers la fin du moyen âge.

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Samarra VIe millénaire -Irak

D’une manière générale, le swastika asiatique est revêtu de deux sens complémentaires : d’une part, il symbolise l’Univers dans son extension à travers l’espace par la présence « agissante » du Principe divin ; d’autre part, il évoque l’Univers intérieur de la sphère de la Conscience (dans laquelle le sage aura intégré l’ensemble des « Dix mille Choses »), avec ses qualités et perfections spirituelles constituant une « Voie spirituelle » conduisant ou reconduisant à l’Unité première, au-delà de la multiplicité. C’est là que nous retrouvons le mouvement giratoire alterné du swastika qui fait que l’un devient multiple et le multiple redevient un ou l’Unité primordiale et androgynale [2].

Le signe chinois renvoie toujours au nombre « dix mille », valeur que l’on obtient à partir de la croix simple, « dix », cheu, en y ajoutant à chacun de ses bras un trait perpendiculaire. L’idéogramme obtenu, un swastika sénestrogyre (voir ci-dessous), se prononce wan. Le nombre « dix mille » désigne la totalité de tout ce qui existe dans la Création. Ce sens se retrouve dans le bouddhisme chinois et notamment dans la Méthode de Méditation du Maître Chen Tao (VIIIe siècle av. J-C) qui, parlant de la « visualisation » du Bouddha Amitâbha, indique qu’il convient de méditer « sur la marque [le swastika] de la Plénitude Paisible qui est sur la poitrine du Bouddha : c’est l’idéogramme des « Dix Mille Vertus » et elle brûle distinctement ».

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Temple Coréen

Le terme de swastika, substantif toujours masculin en français, provient de trois mots sanskrits : su, radical qui signifie « bien », « bon », « excellent » et svasti, asti, 3e personne du singulier de l’indicatif présent du verbe as, « être » ou « cela est », similaire du sum des Latins et du eimi des Grecs, et ka, suffixe finissant les substantifs. Le terme peut se traduire par « « ce qui est bien », « ce qui est excellent », désignant de ce fait un signe « de vie heureuse » ou de « bon augure » donnant par conséquent au swastika un caractère positif, bénéfique et propitiatoire.

En Asie (Japon, Chine, Tibet), sa forme est souvent employée pour la « bénédiction », appliquée aux espaces sacrés, ainsi qu’aux biens matériels (cheptel, mariage…) afin d’y attirer les influences positives. Il est alors l’équivalent des formules « Ainsi soit-il » ! Amen !, du latin Fiat !, du Mektoub [3] arabe et du ki-tôb hébraïque de la Genèse qui se répète à la fin du récit de chacun des « jours » de la création. Ces « jours » sont assimilables à autant de rotations du swastika, ou, en d’autres termes, de révolutions complètes de la « roue du monde », révolutions dont résulte la succession de « soir et matin » qui est énoncée ensuite.

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Armures de samouraï

L’idée de giration implique l’existence d’un point géographique précis du monde par où puisse se faire cette rotation. La localisation d’un tel point ne peut se faire que par rapport à la rotation d’une sphère terrestre ou céleste donc à un axe vertical d’orientation nord/sud, l’axe nordico-polaire, « l’axe du Monde » des Anciens, là où se situe la « colonne céleste » sur laquelle prend appui l’Etoile polaire.

Ce lieu est le « Centre suprême et primordial , le Paradêsha [4] indien, où règne l’Âge d’or, le Satya Yuga [5] , habité, selon Hérodote, par des « hommes transparents », berceau de la race blanche, constituant une seule caste, la caste Hamsa [6], mot indien désignant un oiseau mythique, mais aussi le cygne, oiseau nordique et monture de nombreux dieux lumineux comme Apollon, Odhinn, etc.. et surtout Brahmâ [7], le Maître du Ciel et du swastika, dépositaire de la Connaissance suprême et de la révélation non humaine (apaurushêya)

Cette contrée porte, selon les traditions, des noms divers : C’est le Shwêta-dwîpa, « l’Île de la splendeur » des Aryens et des textes védiques, le « pays de la lumière et de la gloire » chinois ou « l’Île des Quatre Maîtres » de l’Empereur Yao des taoïstes, le Midgard des Nordiques, l’Aztlan, la « Terre blanche » des Précolombiens, le Sakedwîpa des Indo-aryens, situé dans la « mer blanche », où réside Vishnu selon le Kama-puranâ, la Tula hyperboréenne [8], pôle spirituel du monde où se trouve la « Montagne polaire, le Mont Méru des Indiens ou encore la Montagne Qâf [9], qui est la « Montagne des Saints » (Jabalu-l-Awlyia), la « Montagne Blanche » (el-Jabal el-Abiod) située dans l’ « Ile Verte » (el-Jezirah el-Khadrah), et que l’on ne peut atteindre « ni par terre ni par mer » (lâ bi-l-barrwalâ bi-l-bahr).

Là réside le Législateur primordial et universel , le « Roi du Monde, le Manu , dont le nom se retrouve, sous des formes diverses, chez un grand nombre de peuples anciens ( le Mina ou Ménès des Égyptiens, le Menw des Celtes et le Minos des Grecs). Ce nom, explique René Guénon, ne désigne d’ailleurs nullement un personnage historique ou plus ou moins légendaire, mais un principe, l’Intelligence cosmique qui réfléchit la Lumière spirituelle pure et formule la Loi (Dharma) [10] propre aux conditions de notre monde ou de notre cycle d’existence; et il est en même temps l’archétype de l’homme considéré spécialement en tant qu’être pensant (en sanscrit mânava).

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Photo ganesha swastika

Le swastika, , frappe le front ou la poitrine de Ganesha, forme visible du Principe, de Vishnu [11] et du prince SiddhârthaGautama, modèles du « Roi du Monde » polaire, « princes de la Bonne Loi » (Dharma) et gardiens de la Roue [12], signe de celui qui, ayant résolu le problème lié à la ,contingence de la matière (désir,passion, etc.), occupe le centre immobile et fixe, le « non-agir [13] », de la « Roue du devenir », le samsâra, ou la croix, à l’image du Christ, autre « Roi du Monde », devenant de ce fait un « Homme universel et immortel », transcendant, selon le taoïsme, ce qui correspond au « libéré-vivant », jîvan-mukta, de la tradition hindoue ou la « Libération » dans la vie, au sein même de la forme corporelle présente, dès cette existence, par la réalisation de « l’Identité Suprême ».

Le mouvement giratoire du swastika fut surtout à l’origine de la création de la théorie universelle des quatre âges de l’humanité, qu’on rencontre dans toutes les cultures traditionnelles indo-européennes ou non ; les Âges d’or, d’argent, de bronze ou de fer chez les Grecs ; les Âges de la pierre, de l’arc, du feu et de la pipe chez les sioux ; les Âges de la pierre, du jade, du bronze et du fer chez les chinois, et, dans l’hindouisme , celle des quatre yuga, « âges », le Satya-Yuga, Trêtâ-Yuga, DwâparaYuga et le Kali-Yuga formant un cycle complet (Manvantara [14]) :

Le premier yuga est le Kritayuga, « Âge accompli » ou sattyayuga, « Âge réel », l’âge vrai et authentique, celui de l’Âge d’Or d’Hésiode, où la justice, la vérité et l’ordre moral régnaient sur l’Univers ; l’homme parfait, « l’Homme universel » ou « l’Homme vrai » des textes chinois, incarnait la norme cosmique archétypale et participait à la nature divine du Principe.

Une parfaite harmonie unissait les réalités spirituelles et matérielles, le Principe et la Sagesse originelle, engendrant l’équilibre des trois gunas [15] (sattwa, la pure essence, rajas, l’énergie positive, et tamas, la passivité ). Cette harmonie entre le Principe suprême et l’humanité primordiale entraînait pour cette dernière un état bien spécifique : l’Androgynie

L’iconographie hindoue représente cet état initial de l’humanité par Shiva [16], identifié au principe informel de la Manifestation, enlaçant Shakti [17], sa propre puissance, figurée sous la forme d’une divinité féminine. Le symbole majeur de cette période édénique fut le swastika sénestrogyre (voir ci-dessous).

Le swastika était alors « dressé et ne se mouvait pas » nous disent les textes anciens.

Au deuxième âge, le Tretâyuga, une « rupture » d’ordre métaphysique entre la race originelle hyperboréenne et le Principe accompagna de terribles bouleversements climatiques, terrestres et cosmiques [18], ceux-ci n’étant que les conséquences et le « reflet matériel «  de celle-ci. Le basculement de l’axe des pôles libéra des terres jusqu’alors prises sous les glaces.D’’autres, verdoyantes, comme le Groënland, la « Terre verte », se couvrirent de glace.  Le swastika originel chancela et se coucha. Ainsi que le précise Bagchi : «Le swastika, par la faute d’une race impie et avide de biens matériels, a chu à terre, brisant le pur temps d‘éternité, de bonheur et de vérité dans lequel vivaient les hommes, pour lesquels désormais tout ne devait être qu’agitation, frénésie, peur, et involution.» (Studies in the Original Buddhism.)

L’homme, qui ne possède plus que les trois quarts du dharma, s’éloigne du Pôle et son comportement n’est plus inspiré par le Principe.

Le troisième âge, le Dvâparayuga, le swastika tourne un peu plus vite et à tendance à s’emballer, en même temps qu’augmentent les vices et que décroît la vie humaine.

Avec le quatrième âge, le Kali yuga « Âge mauvais », le signe tourne à très grande vitesse, ne laissant qu’un quart de dharma aux hommes. C’est le règne des désirs, de la luxure, de la passion, du mensonge et le point extrême de la dissolution. « […] un temps où la connaissance spirituelle est devenue cachée, et où quelques-uns seulement peuvent encore l’atteindre, pourvu qu’ils se placent dans les conditions voulues pour l’obtenir. »[…] Aperçus sur l’initiation

D’un Yuga à l’autre, la dégénérescence s’accompagne d’une décroissance de la durée, qui est d’ailleurs considérée comme influençant la longueur de la vie humaine. Si la durée totale du Manvantara est représentée par 10, celle du Krita-Yuga ou Satya-Yuga le sera par 4, celle du Trêtâ-Yuga par 3, celle du DwâparaYuga par 2, et celle du Kali-Yuga par 1

« La marche de l’humanité actuelle, écrit René Guénon, ressemble véritablement à celle d’un mobile lancé sur une pente et allant d’autant plus vite qu’il est plus près du bas (…) ». Les signes des temps nous montrent bien que nous vivons un « moment cosmique » charnière, et il convient tout particulièrement à cette période difficile et problématique de la Manifestation, de replacer la succession rapide et accélérée des événements qui surgissent, dans le cadre du mouvement général du Temps cyclique, afin de passer du domaine étroit et aveugle du temps profane à l’ample et souveraine vision du Temps sacré, nous rendant conscients que la fin des « temps », c’est-à-dire la fin du cycle, est en réalité la restauration de « l’état primordial ».

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Nataraja-Shiva-Tandava

Dans certaines doctrines shivaïques du Nord de l’Inde, Shiva , accomplissant par sa danse, le mouvement du swastika sacré, « danse » le monde en tournant autour de son propre axe ou centre de manière à produire un rythme qui crée le monde phénoménal. En dansant et en écrasant le nain Mûlayaka, tenant dans sa main gauche un petit tambour et dans sa main droite une flamme (la Connaissance), Shiva détruit et construit simultanément les formes de la matière conditionnée pour donner naissance à d’autres formes, et ainsi de suite. C’est le rôle et l’image même du swastika tournant sur son axe.

Le swastika dextrogyre et sénestrogyre

On distingue deux types de swastika : le swastika dextrogyre (girant d’ouest en est, selon le point de vue de l’observateur) et le swastika sénestrogyre (girant d’est en ouest ). L’Asie comme l’Occident les utilisent indifféremment et les placent même très fréquemment côte à côte, symbolisant ainsi leur complémentarité. Plutôt que de sens « négatif ou « positif », il est plus juste de se référer à deux orientations plus intéressantes : l’orientation « polaire » ou sénestrogyre, la rotation s’effectuant en ayant le centre à sa gauche, et l’orientation « solaire » ou dextrogyre, le centre étant à sa droite. Tout dépend en fait de la position physique et métaphysique à l’origine, de l’observateur. Le sens « polaire, vers le Nord, placé en haut, les étoiles et le Soleil tournant autour du Pôle, tandis que le sens inverse, « solaire », s’impose lorsque ce même observateur regarde vers le Sud, placé en haut, le cosmos tournant alors à l’envers. A l’origine le swastika était sénestrogyre car l’humanité, parfaitement équilibrée et influencée par la « Lumière du Nord », se référait et obéissait au seul Principe. A partir de la « chute », la marche descendante du cycle et la migration hyperboréenne qui s’ensuivit, le swastika « s’inverse » et devient dextrogyre à la suite d’une révolte, se doublant probablement d’un schisme spirituel. Des guerriers (Kshatriyas indiens) [19], ayant l’ours pour emblème contre les représentants de l’autorité spirituelle, les « Sangliers » [20], les détenteurs légitimes de la Connaissance primordiale.

D’après René Guénon, cette révolte a pour effet de renverser non seulement les rapports normaux entre les castes mais, plus grave encore, de modifier le lien de transmission authentique nécessaire aux connaissances traditionnelles, ou même de nier purement et simplement tout Principe transcendant, par une « substitution de la « physique » à la « métaphysique », aboutissant au triomphe du naturalisme.

Plusieurs traditions nous ont conservé cette révolte sous la forme de mythes, notamment celui de la chasse du sanglier de Calydon par Atalante, la « fille de l’Ourse », qui narre le remplacement du « cycle du Sanglier blanc » de nature polaire, par un nouveau cycle, le cycle de l’ours » la « Terre du sanglier » devenant la « Terre de l’ours ». Le lieu de cette révolte doit être localisé dans l’Atlantide, substitut du Centre originel vers l’époque de l’âge du bronze ou d’airain , où les swastika dextrogyres se répandent significativement.

Des groupes d’hyperboréens descendant vers le Sud se mirent en contact avec des populations non hyperboréennes possédant une spiritualité à dominante féminine et lunaire issue des croyances et des comportements apparus à la suite de la captation de la Lune par la Terre, lesquelles absorbèrent certains groupes d’Hyperboréens possédant une spiritualité polaro-solaire.

Le swastika dextrogyre associa ainsi un contenu nettement inférieur, féminin et tellurique, orné d’un croissant de Lune en son centre ou aux extrémités de ses branches. Cette pratique fut fréquente en Etrurie, en mer Egée, en Crète et au Proche-Orient (Sumer, Chaldée, etc..).

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Déesse artémis- vase grec du 7e av JC

Par contre, les groupes hyperboréens qui migrèrent vers l’Est (Tibet, Inde, Chine, Japon etc..) conservèrent au swastika dextrogyre sa nature solaire, avec un fort contenu polaire.

La juxtaposition d’un swastika sénestrogyre et d’un swastika dextrogyre, qu’on rencontre très souvent sur des monuments et divers objets, tant en Occident qu’en Orient, symbolise selon René Guénon : « la même révolution du monde autour de son axe, mais vue respectivement de l’un et de l’autre des deux pôles terrestre et céleste, et ces deux sens de rotation expriment bien en effet la double action de la force cosmique dont il s’agit, double action qui est au fond la même chose que la dualité du yin et du yang sous certains aspects ».

 La double spirale du symbole yin et du yang fournit une représentation de la force cosmique unique agissant dans des directions opposées sur les deux pôles terrestre et céleste. Tout cela est en étroite relation avec les deux sens de rotation du swastika qui montrent une même révolution vue des deux pôles. Comme l’influence combinée du Ciel et de la Terre s’exerce dans des sens opposés, chaque opération de “dissipation” ou de “dissolution” à l’un des pôles s’allie avec une opération de “condensation” ou de “coagulation” [21] à l’autre pôle afin de maintenir un équilibre d’ensemble.

La double influence du Ciel et de la Terre ne traduit rien d’autre que la complémentarité du yin et du yang, respectivement associés aux phases descendante et ascendante. L’ordre des deux phases dépend de l’état pris en compte comme point de départ.

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Partir d’un état non manifesté et se mouvoir vers un état manifesté signifie que le yin vient en premier; le yang suivra lors du retour vers le non manifesté. Cela explique pourquoi le pôle à l’intérieur de la partie sombre du symbole est représenté par un point blanc.

Inversement, lorsque l’état manifesté constitue le point de départ en direction du non manifesté, le yang doit prévaloir et le yin être associé à un mouvement ultérieur vers un autre état manifesté comme l’indique le pôle noir au sein de la partie blanche.

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Spiral1 spiral2 spiral3

 Si l’on part de l’état de la non-manifestation pour passer au manifesté, c’est l’expansion principielle, la « condensation » ou la « coagulation », ou encore « l’expir », la « solidification » de la matière, donc la Manifestation des multiples et des choses, alors que si l’on part du manifesté, du « solide » et de la différenciation pour revenir au non manifesté, c’est-à-dire la réintégration du Milieu, « l’Unité principielle », c’est la « dissipation », la « solution » [22] , ou encore »l’aspir », qui s’impose, aboutissant à la « complémentarité des contraires » et à la « résolution des oppositions ».

Toute dualité s’annule alors et l’Androgynie originelle, donc l’Âge d’Or, se reconstitue.

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Dans la tradition chinoise, la résidence de l’Empereur, le Ming tang, était situé au centre de la Chine aux neuf provinces, le « Royaume du Milieu » [23] , et par analogie, du Centre suprême de l’Univers. Cette bâtisse se composait d’un toit rond et d’une base carrée et comportait neuf salles disposées comme les neuf provinces de l’Empire et comportait douze ouvertures sur l’extérieur. L’ensemble représentant un zodiaque sacré de douze mois : trois ouvertures correspondant aux trois mois du printemps (face orientale), trois pour l’été (face méridionale), trois pour l’automne (face occidentale) et trois pour l’hiver (face septentrionale).[24]

 Afin d’ordonner et de mesurer l’Espace, et le Temps, et de maintenir la Création, en liaison avec les saisons et les Orients, le souverain accomplissait, au cours du cycle annuel [25], une circumambulation sacrée se plaçant successivement aux douze stations royales correspondant aux douze ouvertures propices à la promulgation des ordonnances (yue-ling) convenant aux douze mois, le souverain s’identifiant aux « douze soleils », proches des douze Adityas [26] hindous et des « douze fruits de l’Arbre de Vie » de l’Apocalypse [27]. Le parcours s’effectuait selon la rotation d’un swastika dextrogyre, donc solaire, avec retour au centre, marquant le milieu de l’année.

Le souverain « réintégrant » le « moyeu » central du swastika, lieu de légitimité et du Principe de toute chose. [28]

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Un grand swastika dextrogyre anguleux aux branches solides telles les poutres d’un temple Zen, apportant Bonheur et Protection, ayant pour centre un noyau swastikisé. Le décor labyrinthique sur les branches du swastika peut symboliser le chemin parcouru lors d’une vie, chemin initiatique pour se découvrir, se connaître et se (re)trouver. De part et d’autre du swastika du champ central symbolisant le Présent, 2 panneaux aux idéogrammes japonais « kako » et « mirai » : « Passé » et « Futur ».

« Et comment ces deux temps – le passé et l’avenir- peuvent-ils exister? Puisque le passé n’est plus, et que l’avenir n’est pas encore?  Il nous reste le présent, le seul temps dans lequel nous puissions vivre. »

-Saint-Augustin-

[1] Tradition primordiale que l’on qualifie par ailleurs d’hyperboréenne à cause de son origine « polaire » qui, de par son caractère premier est la tradition fondamentale, présidant à la source de diffusion de la Connaissance sacrée au sein de notre cycle actuel. Cette Tradition est la tradition primitive commune à l’ensemble des traditions authentiques et « orthodoxes », dont les traces et signes apparaissent très lisiblement dans les symboles, rites et mythes de la Tradition universelle. On peut donc dire que cette Tradition primordiale a véritablement fécondé, nourri substantiellement l’ensemble des traditions actuelles, ces dernières en dérivant à un degré plus ou moins important. La Tradition primordiale s’exprime aujourd’hui par l’intermédiaire du symbolisme, véritable langage universel dépassant les différences de langages ou de religions, à cause justement de cette appartenance commune à une identique mémoire antérieure.

[2] Androgynie : Situé au-delà des polarités, notamment masculine/féminine, l’Androgyne représente à la fois l’état originel et l’état accompli de l’être. En effet, Il symbolise celui ou celle qui a dépassé les souffrances de la vie propres au monde des apparences et ré-intégré l’Unité première dont il ou elle émane. Conjointement origine et aboutissement de la manifestation des êtres, l’Androgyne est un symbole universel de l’état unifié.

[3] Mektoub de l’arabe maktūb : «qui est écrit, prédestiné», part. passif de kataba «écrire, prédestiner».

[4] Paradêsha « Contrée suprême » en sanskrit, et que l’on emploie pour désigner le Paradis « Centre spirituel » qui est également le « Coeur du Monde ». Il convient cependant de distinguer le Paradis terrestre du Paradis céleste, qui sont loin d’être identiques et ne répondent pas l’un et l’autre à la même définition. Le Paradis terrestre, que l’on dit traversé par quatre fleuves, est en réalité le symbole du « Centre du Monde », l’image de la réintégration de l’homme dans son état primordial mais, cependant, une simple étape sur la voie du Paradis céleste. Dante, dans son De Monarchia, nous dit que le Paradis terrestre est la finalité de la béatitude de cette vie, il couronne la perfection naturelle de l’état humain, c’est-à-dire qu’il est le parachèvement des « petits mystères ».

Le Paradis céleste, quant à lui, est précisément le sommet de la « Grande Paix », celle qui procure la « lumière de gloire » et donc, et elle seule, la « vision béatifique » des élus. C’est l’aboutissement du parcours humain, la plénitude des « Grands Mystères* ».

[5] Satya-Yuga René Guénon écrit à propos du Satya-Yuga : […] « période originelle de l’humanité terrestre, pendant laquelle la vérité était intégralement accessible à tous (d’où le nom de Satya-Yuga, et le sommet de la montagne est alors Satya-Loka ou le « lieu de la vérité ») ; mais, lorsque, par suite de la marche descendante du cycle, cette même vérité ne fut plus à la portée que d’une « élite » plus ou moins restreinte (ce qui coïncide avec le début de l’initiation entendue dans son sens le plus strict) et devint cachée à la majorité des hommes, la caverne fut un symbole plus approprié pour le centre spirituel et, par suite, pour les sanctuaires initiatiques qui en sont des images.[…]

[…] On peut aussi remarquer la similitude du mot Satya avec le nom de Saturne, considéré dans l’antiquité occidentale comme le régent de l’« âge d’or ». Dans la tradition hindoue, la sphère de Saturne est appelée Satya-Loka.[…]

[6] Hamsa (sanskrit). Nom du cygne symbolique qui est le véhicule de Brahmâ*, mais qui est aussi celui qui couve le Brahmânda*, c’est-à-dire « l’Oeuf du Monde* » que l’on dit être contenu dans les Eaux primordiales*. Guénon précise que Hamsa est l’équivalent du « souffle » (spiritus), soit le sens initial du Ruahh hébraïque. Le Ruahh Elohim* du texte biblique de la Genèse est donc exactement assimilable à Hamsa.

[7] Brahma : Genre neutre (sanskrit). Par définition c’est le « Principe Suprême », il est dit « Non-qualifié » (nirguna), au-delà de toute distinction (nirvisêsha), absolument inconditionné. Au regard de son Infinité, la Manifestation universelle dans sa totalité est considérée comme rigoureusement nulle, sans réalité.

Brahma : Genre masculin (sanskrit). Un des trois aspects principaux de la Trimûrti (« triple manifestation ») avec Vishnu et Shiva. Forme déterminée du Principe impersonnel. Cette détermination du genre (neutre ou masculin) est de la plus haute importance, selon René Guénon, car elle n’est rien d’autre que la distinction entre « Suprême » et « Non-Suprême » (Viraj), ce qui, dans une langue comme le français qui ignore le genre neutre, entraîne de constantes confusions.

[8] Il faut distinguer la Tula atlante (le lieu d’origine des Toltèques, qui était probablement situé dans l’Atlantide septentrionale) de la Tula hyperboréenne ; et c’est cette dernière qui, en réalité, représente le centre premier et suprême pour l’ensemble du Manvantara (voir déf. Ci-dessous) actuel ; c’est elle qui fut l’« île sacrée » par excellence, et sa situation était littéralement polaire à l’origine. Toutes les autres « îles sacrées », qui sont désignées partout par des noms de signification identique, ne furent que des images de celle-là ; et ceci s’applique même au centre spirituel de la tradition atlante, qui ne régit qu’un cycle historique secondaire, subordonné au Manvantara. »

[9] QÂF (arabe). Qâf est à la fois au centre et à l’extrémité du monde. Elle est la limite entre le visible et l’invisible, le lieu intermédiaire et médiateur (barzakh) entre le monde terrestre (mulk) et le monde angélique (malakût), celui où « s’incorporent les esprits et se spiritualisent les corps », celui des Similitudes divines, des Archétypes ou réalités essentielles des êtres et des choses d’ici-bas (‘alam-l-mithâl, littéralement le « Monde du Modèle »). C’est pourquoi Mohyddîn Ibn Arabî l’appelle Ardu-l-Haqîqah, terre de la Réalité, car elle est le lieu des théophanies (tajallîyâtilâhîyah).

La lette Qâf, qui correspond à la lettre hébraïque qoph, est, dans la tradition arabe, le nom même de la Montagne polaire, « l’Axe du Monde ». Guénon nous fait d’ailleurs remarquer que la valeur numérique de la lettre Qâf (100 + 1+ 80 = 181), est équivalente à la valeur de maquâm (40 + 100 + 1+ 40 = 181), nom qui désigne précisément le « Lieu » immobile et constant, immuable, « l’unique Point qui demeure fixe et invariable dans toutes les révolutions du monde ». Ce qui n’est pas surprenant dans la mesure où la première lettre du nom arabe du Pôle (Qutb) est justement le Qâf, Pôle qui est également le « Centre du Monde »

[10] Le Dharma est « l’ordre total de l’Existence universelle », c’est l’expression du Principe, la Manifestation de la « Volonté du Ciel », c’est ce qui est à l’origine, chez tous les êtres, de leur nature essentielle. Ce qui est adharma, ce n’est pas le « péché » au sens théologique, ou le « mal » au sens moral, mais « la “non-conformité” avec la nature des êtres, le déséquilibre, la rupture de l’harmonie, la destruction ou le renversement des rapports hiérarchiques ». Le terme de « loi » est le moins imparfait pour traduire dharma. La « loi » peut être envisagée comme un « vouloir universel » qui, dans chaque état de l’existence manifestée est désigné comme Prajâpati, le « Seigneur des êtres produits ».

René Guénon, par ailleurs, établit un rapprochement intéressant entre le mot Dharma et le mot Dhruva (Pôle), qui possèdent l’un et l’autre quasiment la même racine sanscrite, dhri et dhru, racine qui exprime l’idée de stabilité et d’Axe.

[11] Vishnu. Un des trois dieux, avec Brahmâ et Shiva , de la Trimûrti hindoue, représentant l’aspect conservateur et protecteur du Principe. Il possède et joue également le rôle de « Sauveur », descendant dans le monde manifesté sous la forme de diverses « incarnations », lorsque les nécessités du temps l’imposent. Ainsi c’est lui, sous la forme du poisson (ce qui n’est pas sans évoquer la figure même du Christ sous son nom grec d’Ichtus) qui apparaît à Satyavatra qui deviendra sous le nom de Vaivaswata (l’un des douze Adityas attachés au Soleil) Manu ou le Législateur de notre présent cycle, et qui apportera aux hommes le Vêda par l’intermédiaire des bienveillants conseils de Vishnu.

[12] La Roue (rota) est le symbole du Monde en mouvement, en perpétuel changement, qui est appuyé sur le point central immobile, sur « l’Axe », sur « L’invariable Milieu» (Tchoung-young) qui reste éternellement stable permettant de ce fait l’accomplissement du devenir et le développement de la multiplicité, point qui représente le parfait équilibre et où s’exprime « l’Activité du Ciel ». Ce point est le Centre de la Roue d’où émanent et sont dirigées toutes les choses, émanation et direction qui s’expriment par une invisible activité, une « activité non-agissante » (weiwou-wei) qui demeure absolument non-manifestée et qui, « parce que non-manifestée, est en réalité la plénitude de l’activité, puisque c’est celle du Principe dont sont dérivées toutes les activités particulières ». C’est là, au Centre de la Roue, que se trouve le siège de la « station divine » qui ne connaît en elle-même ni contradictions, ni oppositions, ni antagonismes, qui, bien au contraire, « réunit contrastes et antinomies ». Centre que l’on nomme aussi le « Vide » rassemblant tous les rayons de la Roue et qui n’est autre que le lieu de la « Présence divine », le moteur immobile de la « Roue d’existence » contenant la Loi (Dharma), le Pôle, le lieu de la « Grande paix » que l’ésotérisme islamique désigne comme Es-Sakînah, le Coeur où s’opère l’union intime avec le Principe.

[13] Le Non-agir n’est point l’inertie, il est au contraire la plénitude de l’activité, mais c’est une activité transcendante et tout intérieure, non-manifestée, en union avec le Principe, donc au-delà de toutes les distinctions et de toutes les apparences que le vulgaire prend à tort pour la réalité même, alors qu’elles n’en sont qu’un reflet plus ou moins lointain ». Le Non-agir a pour but de placer le sage dans un état d’équilibre, dans cet état dit de « l’Invariable Milieu », au centre de la roue cosmique où « il la meut invisiblement, par sa seule présence, sans participer à son mouvement, et sans avoir à se préoccuper d’exercer une action quelconque ; son détachement absolu le rend maître de toutes choses, parce qu’il ne peut plus être affecté par rien ». « Le signe extérieur de cet état intérieur, dit Tchouang-tseu, c’est l’imperturbabilité; non pas celle du brave qui fonce seul, pour l’amour de la gloire, sur une armée rangée en bataille; mais celle de l’esprit qui, supérieur au ciel, à la terre, à tous les êtres, habite dans un corps auquel il ne tient pas, ne fait aucun cas des images que ses sens lui fournissent, connaît tout par connaissance globale dans son unité immobile. »

[14] Manvantara (sanskrit). Un Manvantara est une ère, une période à l’intérieur de la temporalité cosmique, que l’on nomme d’ailleurs ère de Manu, car elle correspond à notre propre cycle historique d’humanité terrestre. Un Manvantara en tant que tel, se décompose en quatre Yugas, que l’on désigne comme étant les quatre âges successifs qui composent un cycle dans son entier. Chaque période d’un cycle est structurée selon une loi de dégénérescence accentuée, faisant que plus on avance dans le déroulement du temps, plus on chute inexorablement.

La durée totale d’un monde est le Kalpa. Il se divise en 14 Manvantaras.

[…] Selon la doctrine traditionnelle, l’âge de notre monde est inférieur à un demi-million d’années, d’où il s’ensuit que les chiffres fabuleux avancés par la science moderne pour la durée des périodes géologiques sont purement hypothétiques, sinon mêmes fantaisistes. […] (René Guénon : Le Règne de la Quantité et les Signes des Temps )

[15] Gunas : René Guénon écrit : […] « Les trois gunas sont : sattwa, la conformité à l’essence pure de l’Être (Sat), qui est identique à la lumière de la Connaissance (Jnâna), symbolisé par la luminosité des sphères célestes qui représentent les états supérieurs de l’être ; rajas, l’impulsion qui provoque l’expansion de l’être dans un état déterminé, c’est-à-dire le développement de celles de ses possibilités qui se situent à un certain niveau de l’Existence ; enfin, tamas, l’obscurité, assimilée à l’ignorance (avidyâ), racine ténébreuse de l’être considéré dans ses états inférieurs. »[…]

[16] Shiva (sanskrit). Un des trois dieux de la Trimûrti hindoue (ou triple manifestation), qui incarne l’aspect destructeur du divin, celui qui anéantit les formes, achève le temps, abolit les conditions de l’existence matérielle, mais qui doit cependant être perçu plutôt comme « transformateur », car ce qui est regardé comme destruction du point de vue de la Manifestation est « transformation » au regard de la Réalité absolue. Il est le dieu par excellence des ascètes, des renonçants (Saddhus).

[17] Shakti (sanskrit). Dans la tradition védique, la Shakti représente le côté féminin de Dieu, l’aspect passif du Principe. Elle est pour Brahma sa « Volonté productrice », sa « toute puissance » que l’on peut dire constituée d’une nature « non-agissante » vis-à-vis du Principe, se tenant comme passive à l’égard de la Manifestation. La « Puissance productive » de l’Être peut être envisagée sous plusieurs aspects complémentaires, en tant que pouvoir créateur (Kriyâ-Shaktï), pouvoir de Connaissance (Jnâna-Shakti) et pouvoir de désir (Ichchâ-Shaktï), et ce de manière quasiment indéfinie de par l’immense étendue des attributs* propres de l’Être manifesté.

[18] Cette glaciation déclencha l’exode hyperboréennes vers des contrées plus clémentes et, au fur et à mesure de ces migrations, ils ne cessèrent de créer, à chacune de leurs étapes, des « images » du Centre suprême : Ce sont les innombrables Tula, « Île blanche », ou « Montagne blanche » comme en Dacie, « Île du Soleil », Atzlan chez les Toltèques et les Aztèques, Atlantide, etc.

D’abord vers les contrées septentrionales, sur les côtes scandinaves, frisonnes, saxonnes et baltiques, ainsi qu’en Amérique du Nord.

La destruction de l’Atlantide, décrite par Platon et Diodore de Sicile, à la suite de nouveaux cataclysmes, notamment la captation de la Lune par la Terre, força les peuples à se répandre toujours plus sur la surface du globe : des côtes atlantiques à la péninsule ibérique jusqu’en Afrique du Nord, Egypte, …

En Europe Centrale, c’est la région danubienne, réputée être le « berceau des Indo-Européens, puis le Tibet, l’Inde, la Chine et enfin le Japon.

[19] Kshatriya. (sanskrit). L’une des deux premières castes à laquelle est confié le pouvoir temporel, les Kshatriyas sont par essence des combattants, des guerriers luttant pour le bien de la cité, et la défense de la Tradition. Détenteurs de la responsabilité du gouvernement des hommes, les Kshatriyas possèdent le pouvoir militaire ainsi que judiciaire et administratif, de ce fait la fonction royale qui englobe l’ensemble de ces pouvoirs est donc par excellence une fonction réservée aux Kshatriyas, le Roi devenant le premier des Kshatriyas qui exerce son autorité pour tout ce qui touche au temporel. À ce sujet, le domaine de l’action leur étant par définition spécifique, les Kshatriyas doivent normalement oeuvrer en parfaite harmonie et profonde unité avec les Brahmanes, du moins tant que la civilisation présente un caractère traditionnel réel. Or, de par les conséquences désastreuses du Kali-Yuga, les castes se sont progressivement opposées les unes aux autres et, historiquement en tout premier lieu, on vit les Kshatriyas se rebeller contre les Brahmanes. À cet égard, Guénon pensait que le Bouddhisme qui est indéniablement « associé à une des principales manifestations de la révolte des Kshatriyas, montre le lien très direct entre la négation de tout principe immuable et celle de l’autorité spirituelle, entre la réduction de toute réalité au « devenir » et l’affirmation de la suprématie du pouvoir temporel, dont le domaine propre est le monde de l’action; et l’on pourrait constater, rajoute Guénon, que l’apparition de doctrines « naturalistes » ou anti-métaphysique se produit toujours lorsque l’élément qui représente le pouvoir temporel prend, dans une civilisation, la prédominance sur celui qui représente l’autorité spirituelle ». Guénon n’hésite donc pas à écrire: « La suprématie des Brahmanes maintient l’orthodoxie doctrinale; la révolte des Kshatriyas amène l’hétérodoxie ».

[20] René Guénon fait d’ailleurs remarquer, que la racine sanskrite var utilisée pour signifier le nom du sanglier, est présente dans les langues nordiques sous la forme bor. Or, c’est précisément à partir de la racine de Vârâhî (terre du sanglier), qui désigne la « terre sacrée » ou polaire, le siège du Centre spirituel primordial, que provient « Borée », qui est en réalité le nom courant historiquement d’Hyperborée. C’est pourquoi, René Guénon suggère « qu’il vaudrait mieux, en dépit de l’usage qui a prévalu depuis lors, qualifier la « Tradition primordiale* », non pas « d’hyperboréenne », mais simplement de boréenne, affirmant par là sans équivoque sa connexion avec la « Borée » ou « terre du sanglier ».

[21] Coagulation. Avec la « Solution », l’un des deux principes complémentaires de la philosophie hermétique, principes que l’on retrouve sous des appellations diverses : « yin et yang » en Chine, « expir » et « aspir » en Inde, génération et corruption en Grèce, etc. La célèbre formule « solve et coagula », est un parfait résumé du processus cosmique universel qui réunit dans une même dynamique les éléments de réunification et de dissolution. (Symboles de la Science sacrée)

[22] Solution. La Solution est un élément, dans le langage hermétique, d’un unique processus qui comprend une double détente, deux temps dont l’un correspond à la « coagulation », c’est-à-dire une phase de l’oeuvre où les choses sont liées, solidarisées entre elles, et l’autre où, au contraire, elles sont déliées, dissoutes. Ce processus est en fait à l’image d’une loi universelle qui voit les choses apparaître et disparaître, selon le principe de génération et de corruption, de vie et de mort. La Solution est un mouvement de retour, l’émergence des forces contradictoires, négatives, mais qui sont cependant nécessaires pour que puisse apparaître une nouvel ordre des choses.

[23] Royaume du Milieu Si la Chine fut désignée comme étant le Royaume du Milieu (Tchoung-kouo), c’est qu’elle se pensait comme le Centre du Monde, c’est-à-dire comme l’écrit René Guénon, « le siège du centre spirituel d’une tradition, émanation et image du centre spirituel suprême, et le représentant pour ceux qui appartenaient à la tradition envisagée, de sorte qu’elle était bien véritablement pour eux le « Centre du Monde* ». La Chine ne fut pas la seule contrée à se définir comme le « Centre » puisque l’Egypte elle aussi se disait le « Coeur du Monde », Coeur et Centre qui sont, ne l’oublions pas, le lieu de la non-manifestation.

[24] […]En vertu de l’analogie de chacune des parties de l’Univers avec le tout, il y a correspondance entre les lois de tous les cycles, de quelque ordre qu’ils soient, de telle sorte que le cycle annuel, par exemple, pourra être pris comme une image réduite, et par conséquent plus accessible, des grands cycles cosmiques (et une expression comme celle de « grande année » l’indique assez nettement), et comme un abrégé, si l’on peut dire, du processus même de la manifestation universelle ; c’est d’ailleurs là ce qui donne à l’astrologie toute sa signification en tant que science proprement « cosmologique ».[…] (René Guénon – Symboles de la Science sacrée)

[25] Précisons que les points cardinaux chinois sont inverses par rapport à une rotation polaire, leur Sud étant au nord, etc..

[26] Âdityas (sanskrit). Au nombre de douze, les Âdityas sont les membres du Cercle Intérieur de l’Agartha. Les Âdityas, c’est-à-dire issus d’Âditi ou « l’Invisible », ou encore « l’espace sans limite » ont pour chef Varuna. Les douze ÂdityassontDhâtri, Mitra, Aryaman, Rudra, Varuna, Sûrya, Bhaga, Vivaswat, Savitri, Twashtri, Vishnu*. On peut considérer que les Âdityas sont les manifestations d’une essence unique et invisible devant apparaître simultanément à la fin du présent cycle, ils retourneront alors à « l’Unité essentielle » et primordiale, qui constitue leur nature commune originelle. (Le Roi du Monde, ch. IV, « Les Trois fonctions suprêmes ».)

[27] René Guénon remarquera que la constante présence du nombre Douze se vérifie toujours lors de la constitution des centres initiatiques, quelle que soit leur origine traditionnelle, ainsi on le retrouve dans les exemples suivants: les Douze membres du cercle intérieur de l’Agarttha, les Douze Adityas, les Douze grands dieux de l’Olympe, les Douze tribus d’Israël, les Douze portes du Temple de Salomon, les Douze apôtres, les Douze grands Namshans du « conseil circulaire » du Dalaï-Lama, les Douze « Chevaliers de la Table Ronde ». Cette permanente référence de la Tradition à ce nombre n’est pas, on l’imagine aisément, le fruit d’une simple coïncidence mais, bien au contraire, le rappel d’une « loi » universelle de correspondance harmonique, dont la céleste image des Douze signes du Zodiaque, rappelle l’inscription au Centre même du Cosmos.

[28] Lire aussi sur le Ming tang dans Le Roi Dragon N°6 – Benoit – La circumambulation rituelle et Le Roi Dragon N°5 – Benoit – Le symbolisme traditionnel de la Tortue

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Sources

Dictionnaire des symboles, Mythes, rêves, coutumes, gestes, formes, figures, couleurs, nombres Alain Gheerbrant, Jean Chevalier.

René Guénon – Introduction générale à l’étude des doctrines hindoues

René Guénon – L’Homme et son Devenir selon le Vêdânta

René Guénon – Études sur l’Hindouisme, , éd. Éditions Traditionnelles, 1968

René Guénon – Écrits pour Regnabit, éd. Archè, Nino AragnoEditore, 1999

René Guénon – Écrits pour Regnabit, éd. Archè, Nino AragnoEditore, 1999

René Guénon – Le Symbolisme de la Croix, , éd. Guy Trédaniel, 1996

René Guénon – Symboles de la Science sacrée, René Guénon, éd. Gallimard, 1962

René Guénon – La Grande Triade

René Guénon – Le Roi du Monde

René Guénon – Écrits pour Regnabit, éd. Archè, Nino AragnoEditore, 1999

René Guénon – Correspondance avec Gaston Georgel, , non publié, 1937-1950

J. Needhman, La Science chinoise et l’Occcident

Marillier Bernard – Le Svastika

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