N°10 – Jean Luc – Du Qi Gong au Dao Yin taoïste (2ème Partie)
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Terminologies appliquées à l’expression « QI GONG »
Le principe premier de Kong Fuzi (Confucius) qui est de « rendre aux mots leur juste valeur », s’impose dans le fonctionnement correct de toutes pratiques. Pour que le fonctionnement d’une société soit sain, pour que l’efficacité d’une pratique soit en marche, nul ne peut s’abstenir de cette règle de transmission par les mots justes. Nous l’appliquerons ici sur l’expression « Qi Gong » en montrant les divers sens qui se cachent en elle, particulièrement au travers de la richesse expressive de l’écriture chinoise, nous emporte sur un vaste horizon.
Attention donc aux choix et à la compréhension de l’image et du sens des caractères chinois !
Variations autour du QI :
气 Que de la vapeur (caractère simplifié du chinois traditionnel)
氣 énergie vitale, souffle, fluide, gaz…(caractère traditionnel)
Un grain de riz 米 (germe vital) pour exprimer la base alimentaire pour nourrir la vie d’effluves subtiles 气
Caractère ancien présent dans les anciens textes taoïstes. Ce caractère qualifie précisément l’acte d’inspiration qui vient alimenter un feu intérieur.
Variations autour du GONG :
工 Travailleur, travail, projet, adresse…
Un travail est la référence à une activité qui cherche à établir un lien constant conscient ou non entre ciel et terre 二 c’est le propre du quotidien de tous ceux qui se lèvent chaque matin pour exécuter une tâche laborieuse.
功 Travail accompli, habileté acquise, œuvre…
Lorsque le travail est une action méritoire, un achèvement, un accomplissement, le lien entre la terre et le ciel devient effectif et conscient. Le travail réalisé atteint le niveau de l’œuvre où équerre工 (symbole du sol) et compas 力 (symbole du ciel) sont totalement maitrisés par l’adepte.
Dés lors, comment qualifier l’expression « Qi Gong » ?
L’écriture chinoise est chargée de sens subtils, bien que se prononçant et pouvant se traduire de façon identique, les différentes terminologies appliquées au « Qi Gong » décrivent des pratiques qui révèlent des approches bien différentes :
Variations autour de « Qi Gong »
气 工 Pour une pratique de labeur calorifique, où l’énergie déployée s’échappe en vapeur comme l’émanation d’un corps en sueur. Une dépense sans objet autre que de se dépenser justement, une pratique basée sur un simple désir d’élimination calorique sans aucune recherche constructive.
氣 功 Pour une pratique qui pense la nutrition par la prise de conscience d’une absorption vitale faite des éléments nutritionnels 米 propres à la terre dont le symbole est le carré (tracé par l’équerre 工). Des effluves terrestres proprement dites qui s’élèvent comme des vapeurs matinales 气, printanières à la capacité régénératrices, avant de se dissiper dans l’éclat lumineux du ciel dont le symbole est le cercle (tracé par le compas . 力).
功 Pour une pratique proprement alchimique, où le lien sol/ciel s’établit par la stimulation par l’acte respiratoire d’un feu intérieur qui s’élève de la base du corps pour cuire en soi les éléments les plus grossiers (terrestres) afin d’en extraire les éléments les plus subtils (célestes).
Autour de la variation des caractères chinois pourtant phonétiquement semblables, l’on voit bien que la compréhension peut-être bien différente. La pratique est fortement tributaire de l’expression qui s’en dégage et du regard que l’on y porte. En l’écrivant, on a l’impression d’enfoncer des portes déjà ouvertes, mais en a-t-on vraiment une conscience de tous les instants, rien n’est moins sûr ?
(à suivre…)
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