N°3 – Philippe – Une mystérieuse équation taoïste

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« Partant de l’état non-sensible et non-différencié, commençant par un, la progression passant par sept, alla jusqu’à neuf ; la régression ramènerait tout à l’unité. »

Voilà une bien mystérieuse équation pour laquelle nous allons proposer une interprétation.

Pour comprendre le raisonnement qui se tient derrière cette numération, on peut s’aider d’une autre équation métaphysique Taoïste ainsi que d’un commentaire du Tao-Te-King écrit par le taoïste Lie-Tzeu.

« Tao engendra Un, puis Un engendra Deux, Deux engendra Trois et, à partir de Trois, Tout existe. »

« Ce que j’ai appris de mon maître ? Quand il enseignait Pai-hounn-ou-jenn, j’ai saisi quelque chose, que je vais essayer de vous rapporter. Il disait qu’il y a un producteur qui n’a pas été produit, un transformeur qui n’est pas transformé. Ce non-produit a produit tous les êtres, ce non-transformé transforme tous les êtres. Depuis le commencement de la production, le producteur ne peut plus ne pas produire ; depuis le commencement des transformations, le transformeur ne peut plus ne pas transformer. La chaîne des productions et des transformations est donc ininterrompue, le producteur et le transformeur produisant et transformant sans cesse. Le producteur, c’est le Yin-Yang (le Principe sous sa double modalité alternante) ; le transformeur, c’est le cycle des quatre saisons (révolution du binôme ciel-terre). (Lie-Tzeu – 1A)»

Il est possible d’interpréter l’énumération un-sept-neuf-un comme suit. Il y a d’abord l’Unité, le commencement de toute chose, l’affirmation Existentielle Primordiale, la prise de conscience de la quiddité universelle, l’énonciation de “Je suis”. Or cette simple Parole entraîne nécessairement l’énoncé complet de la formule biblique “… Celui qui Suis”. L’affirmation existentielle procède donc de la faculté de se faire son propre objet de considération « Celui ». Elle objective le sujet. Lorsque donc l’Unité s’affirme existentiellement et en conscience, apparait nécessairement le Deux. Mais cette objectivation, cette distanciation vis-à-vis de soi-même, est une opération qui n’affecte en rien l’unité de l’Être qui ne cesse jamais d’Être ce qu’il Est.

Cependant il n’y aura que lorsque l’Être aura fait le constat de l’identité de l’objet et du sujet que cessera cette distinction finalement illusoire, mais nécessaire à la conscience réflexive. Cette Connaissance du Soi est donc un troisième terme, le Trois. Il y a donc dans le fait de la conscience, un flux et reflux continuel et simultané entre deux opérations complémentaires apparemment antagonistes puisque l’une opère la séparation du sujet de l’objet de considération, alors que l’autre les réunit par la reconnaissance de leur identité, l’affirmation qu’il n’y a que l’Un.

Ce flux et reflux principiel, est l’Activité pure, produisant et transformant. Ce flux et ce reflux initialement intemporels, au niveau du trois réalisent une succession de phases, partant du Yang pour aller au Yin, Puis partant du Yin pour aller au Yang. Ce qui donne quatre états : ce qui est purement Yang, ce qui est purement Yin, ce qui croît du Yang vers le Yin et ce qui décroît du Yang vers le Yin. Ce mouvement principiel traduit de la sorte une rotation principielle sur un cercle figurant un cycle existentiel complet, que le taoïsme représente en plaçant des bigrammes sur chaque extrémité des diagonales verticale et horizontale : Yin-Yin, Yin-Yang, Yang-Yang, Yang-Yin. Ceci nous mène au Quatre, les Quatre Orients, les Quatre Saisons.

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Ainsi, en ce plaçant au degré du Quatre, l’être dénombre existentiellement, ou pour le dire autrement, totalise existentiellement à chaque instant Sept : les Quatre saisons + l’alternance du Yin et du Yang différenciés + L’Unité Principielle. Ainsi parvenu à cette totalisation septénaire, l’être fait le constat de sa position entre le binôme Ciel et Terre, Esprit et corps, concevant son devenir comme la participation harmonieuse à la Cohésion Universelle entre le Pôle essentiel et le Pôle substantiel ou encore se voyant comme issu du « Producteur » et du « Transformeur », donc du Deux.

Une nouvelle sommation s’opère passant ainsi du Sept au Neuf. Mais concevant maintenant l’entrée et la sortie du particulier par la Racine Unique du Monde, cette intersection mystérieuse entre le Transitoire et le Permanent, voyant l’Unité de la diversité et la diversité dans l’Unité, l’être réintègre l’Un.

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